Charles de Bonchamps, une histoire, une vie, un état d'esprit. Bien qu'un article lui soit déjà consacré sur ce blog, je tenais à lui rendre hommage pour sa volonté sur son lit (brancard) de mort, de rendre grâce à 5000 prisonniers. Né en 1760, Bonchamps s'engage à 16 ans dans le régiment d'Aquitaine. En 1787, après avoir combattu dans les Indes, il devient capitaine des grenadiers. Il réside en 1789 au Château de la Baronnière, près de Saint Florent le Vieil, année de son mariage. En 1793, les paysans de St Florent décident de le choisir pour chef. Celui-ci refuse dans un premier temps, jugeant nulles les chances d un tel soulèvement. Il finit cependant par accepter de prendre la tête de ses hommes. Bonchamps mène ses hommes a la victoire grâce a son expérience militaire. Le 3 mai a Bressuire puis le 5 mai a Thouars. Le 25 mai, il s'empare de Fontenay ou il est blessé par un soldat qu'il venait de gracier. Le 12 juin, il élit Cathelineau au poste de "Généralissime" de l'Armée Catholique et Royale. Voulant étendre l'insurrection à l'Anjou et la Bretagne, il propose de traverser la Loire. Le plan de Cathelineau (attaque de Nantes) sera finalement retenu et se soldera par un échec. Bonchamps est mortellement blessé dans une des plus grandes batailles des guerres de Vendée, à Cholet le 17 Octobre 1793. Il rend son âme a Dieu le 18 Octobre au hameau de la Maillerais. Avant de mourir, il eut la bonté de demander la grâce des 5000 prisonniers républicains que firent les vendéens lors de la bataille. Les républicains violèrent sa sépulture pour montrer sa tête aux parisiens. Parmi les prisonniers graciés se trouvait le père de l'artiste David d'Angers. Ce dernier érigea la célèbre statue du "Pardon de Bonchamps" dont on peut voir l'original à Saint-Florent-le-Vieil et une copie à la galerie David d'Angers ... à Angers. A l’extérieur de la tente, des cris éclatent. "À mort! À mort" ; "Tuons-les!" ; "À mort les Bleus !" Scandés comme un refrain macabre les cris de haine résonnent dans le crâne bouillant de fièvre du marquis de Bonchamps. Se relevant à grand peine, il demande : - Qu’est-ce donc ? Après qui en a-t-on de la sorte ? - Mon général, ce sont nos hommes qui veulent se venger des Bleus. - Quels Bleus ? - Dans notre déroute, nous avons capturé cinq mille républicains que nous avons enfermés dans un couvent à quelques pas d’ici. Ce sont sur eux que nos hommes ont décidé de pointer les canons. Le marquis se crispe. Malgré l’agonie qui meurtrit son corps, malgré la souffrance qui contracte ses traits et l’empêche de se lever, il supplie son cousin, le comte d’Autichamp, d’obtenir la grâce des Bleus : "Mon ami, c’est sûrement le dernier ordre que je vous donnerai…" D’Autichamp ne discute pas. Il se précipite au dehors de la tente, saute sur un cheval et galope jusqu’aux abords du couvent où les hommes s’apprêtent déjà à la vengeance. Là, il fait battre tambour pour obtenir le silence et proclame : "Grâce au prisonniers ! Bonchamps le veut. Bonchamps l’ordonne !" Les soldats hésitent, se regardent. Ils n’ont pas la charité de leur général. Mais ils le respectent profondément. Depuis qu’ils sont allés le chercher pour combattre avec eux, le marquis de Bonchamps est devenu pour eux un père et un modèle. Certains regagnent les tentes dressées un peu plus loin et obéissent par devoir. D’autres comprenant les motifs de leur chef, acceptent de libérer les républicains. Charles de Bonchamps a toujours été un exemple d’humanité. Les plus anciens se souviennent que dès les premiers jours de la guerre, il avait empêché les pillages, les incendies et les exécutions. Il avait relâché les prisonniers sur la simple promesse qu’ils ne reprendraient pas les armes. Aujourd'hui, mère Vendée se souvient et prie pour le salut de ses fils tombés au nom de la liberté. C'est dans la modeste église de "Saint-Florent-le-Vieil" que repose "Charles de Bonchamps". "GRÂCE AUX PRISONNIERS".