En
bordure
de
la
route
de
Cholet
à
Saint-Jean-de-Monts,
sur
un
vaste
plateau
granitique,
entouré
de
ravins
abrupts,
au
bas
desquels
coulent
la
Sèvre
Nantaise
et
son
affluent
la
Crume,
formant
une
défense naturelle, s'élèvent les ruines du puissant château féodal de Tiffauges.
Sentinelle avancée du Poitou "Pays des Pictons' face à la Bretagne et à l'Anjou conquérants.
Les
plus
anciens
habitants
de
notre
région
occupèrent
ce
plateau
facile
à
défendre,
attirés
également
par le gué de la Sèvre "Sépari", dont le passage leur donnait accès dans tout le pays environnant.
Ils
y
taillèrent
entre
autres
le
souterrain
refuge
découvert
en
1967,
lors
du
creusement
d'un
passage
sous
la
porte
bailleresse,
pour
permettre
l'accès
au
théâtre
de
plein
air,
établi
à
flanc
de
coteau
à
l'occasion du célèbre spectacle "La Bataille de Tartou".
Coupé
en
son
milieu
par
ce
passage,
ce
souterrain
refuge
creusé
dans
le
roc,
s'étendait
parallèlement
aux remparts, et mesurait d'un côté environ sept mètres de profondeur, comblé par des éboulis.
Sur
ce
plateau
et
aux
alentours
furent
trouvées
de
nombreuses
haches
de
pierre
taillée,
outils
et
armes
des hommes qui y vivaient voici plusieurs millénaires.
Puis
nos
plus
récents
ancêtres
se
sentant
menacés
par
d'autres
tribus,
non
seulement
creusèrent
ce
souterrain
refuge
mais
élevèrent
autour
du
roc
une
palissade
formée
de
rochers
et
de
pieux
de
bois
enchevêtrés de branches entrelacées et mêlées de terre glaise.
Ils y construisirent leurs huttes de bois recouvertes de chaume et de peaux de bêtes tannées.
Dans
cette
enceinte,
près
de
leurs
habitations,
ils
enterrèrent
leurs
morts
dans
des
puits
funéraires
semblables
à
ceux
de
Pouzauges
et
du
Boupère,
découverts
à
Tiffauges
au
milieu
du
siècle
dernier
par
l'archéologue Pouzaugeais : Fortuné PARENTEAU.
Lors de la conquête de la Gaule par les Romains, un castrum fut édifié sur cet oppidum Gaulois.
Sur
la
motte
encore
apparente,
avant
l'aménagement
par
les
fermiers
de
ce
vaste
enclos
en
1958,
on
voyait
encore
les
restes
de
cette
grosse
butte
artificielle
formée
de
la
terre
retirée
lors
du
creusement
des
fossés
qui
l'entouraient
et
la
protégeaient,
s'élevait
une
tour
de
bois
carrée
de
plusieurs
étages,
qui
abritait la demeure du chef.
Ce
fut
le
modèle
des
premiers
donjons
entourés
de
fossés
en
eau,
qu'on
franchissait
au
moyen
d'un
pont-levis.
Plusieurs
routes
gauloises,
puis
romaines
s'y
croisaient,
venant
de
Clisson,
Nantes,
Mortagne
et
Mallièvre.
Au
IV
siècle,
sous
l'empereur
Honorius,
qui
comme
ses
prédécesseurs
recrutaient
des
tribus
étrangères
pour
défendre
son
immense
empire,
une
tribu
Sarmate,
venue
du
nord-est
du
Caucase
fut
amené par lui à Poitiers.
Puis
l'empereur
romain
y
ayant
établi
une
autre
peuplade,
les
Visigoths,
les
Theiphales
durent
émigrer
vers l'Ouest, et s'établirent dans les environs du Tiffauges actuel, auquel ils donnèrent leur nom.
Ils campèrent sur l'ancien oppidum et à l'emplacement de la ville actuelle.
Mais
les
fortifications
qu'ils
y
élevèrent
n'échappèrent
pas
aux
envahisseurs
Normands,
et
deux
fois,
aux IX et Xème siècles la forteresse Romaine fut détruite et rebâtie.
Cent ans plus tard Tiffauges fut cédée à Alain Barbe-Torte, duc de Bretagne, vainqueur des Normands.
Et
après
toutes
ces
destructions,
la
paix
revenant,
les
Comtes
du
Poitou
donnèrent
en
"viager"
aux
vicomtes de Thouars une grande partie de l'actuelle Vendée.
Les
nouveaux
maîtres
rebâtirent
les
places
fortes
ruinées,
entre
autres
Tiffauges
et
les
Herbiers,
vers
la
fin du XI siècle et le début du XII' siècle.
Herbert
II,
vicomte
de
Thouars,
seigneur
de
Tiffauges
et
des
Herbiers,
entreprit
la
reconstruction
de
la
forteresse
de
Tiffauges
et
la
construction
des
Herbiers,
auxquels
il
donna
son
nom
"VlLLlS
DE
HERBERTlS", villas d'Herbert.
A
Tiffauges,
il
rasa
toutes
les
ruines
accumulées
par
ces
guerres
successives,
et
éleva
les
premiers
éléments
du
château
actuel,
le
donjon,
la
barbacane,
certaines
tours
encore
existantes,
renforçant
la
défense de cette place et la chapelle castrale.
Les
abords
du
château
actuel
fort
abrupts
de
tous
côtés,
sauf
vers
le
sud-ouest,
où
est
son
entrée
principale, c'était là le point faible, celui qui réclamait la plus solide défense de l'ensemble.
C'est pour cette raison qu'on ya élevé un donjon formidable, flanqué d'une barbacane.
Herbert
II
mourut
à
la
Croisade
de
Jaffa
en
1104
et
fut
remplacé
par
son
frère
Geoffroy,
qui
continua
ses constructions, à Pouzauges, Tiffauges et les Herbiers.
Ce
donjon
de
Tiffauges
forme
un
vaste
quadrilatère
de
18
mètres
de
côté,
flanqué
aux
quatre
angles
de
puissants contreforts arrondis, ainsi que sur le milieu de ses quatre faces.
Il
était
composé
d'un
rez-de-chaussée
et
de
quatre
étages,
dont
certains
vraisemblablement
voûtés,
comme
celui
de
Pouzauges
bâti
par
le
même
architecte,
et
partagé
de
haut
en
bas,
par
un
énorme
mur
de refend.
Le
sommet
garni
primitivement
de
hourds
en
bois,
sorte
de
balcon
en
saillie,
qui
fut
plus
tard
remplacé par des créneaux de pierre.
Ces
différents
étages
étaient
reliés
entre
eux
par
un
escalier
en
colimaçon,
comme
nous
le
montrent
certains plans de construction établis au siècle dernier.
Les
deux
étages
supérieurs
furent
entièrement
détruits
lorsqu'en
1625,
Richelieu
fit
démanteler
les
forteresses huguenotes.
Ce donjon était couvert d'une toiture à quatre rampants, et servait d'habitation au Seigneur.
Près
de
ce
donjon
et
faisant
corps
avec
lui,
nous
voyons
encore
la
barbacane
d'entrée,
autrefois
fermée
d'une
grille
en
fer,
et
d'un
pont-levis,
qui
donnait
accès
au
donjon
dans
lequel
on
pénétrait
par
une
petite porte en plein cintre, percée au premier étage de cette barbacane.
Cette
entrée
se
composait
d'un
rez-de-chaussée
ouvert
par
un
large
portail,
donnant
accès
au
vaste
enclos entouré de terre et de murailles et d'un unique étage.
C'était
le
seul
accès
au
donjon
dans
lequel
on
pénétrait
par
une
porte
située
au
premier
étage
de
cette
barbacane.
A
l'ouest
de
ce
donjon,
bordant
les
douves
qui
l'entouraient
se
dressait
la
chapelle
Saint-Vincent,
composée
d'une
nef
et
d'un
transept,
entièrement
détruits,
et
d'une
abside
qui
subsiste
encore
en
partie.
La croisée du transept était surmontée d'une coupole octogonale et d'un clocher.
Sous
cette
abside
s'étend
une
belle
crypte
romane
de
la
première
moitié
du
12ème
siècle,
divisée
en
trois
nefs
à
peu
près
égales,
par
deux
rangées
de
quatre
colonnes,
couvertes
en
voûtes
d'arêtes,
appuyées sur des chapiteaux historiés.
Entre
la
chapelle
et
le
Puits
de
la
Fée,
s'étendait
un
cimetière
où
furent
faites
d'importantes
trouvailles
entre autres les débris de la cloche de bronze.
Toute
cette
vaste
enceinte
fut
entourée
de
dix-huit
tours,
reliées
entre
elles
par
des
murailles
crénelées, le tout contemporain du donjon.
Plus
tard
furent
ajoutés
une
fausse
braie
et
le
châtelet
actuel,
mais
ce
fut
après
l'époque
féodale
qui
seule fait partie de cette étude.
Laissé
à
l'abandon
jusqu'au
XXème
siècle,
le
château
de
Tiffauges
fut
le
théâtre
des
turpitudes
du
maréchal de France après la mort de Jeanne d'Arc.
Un conservatoire d'artillerie médiévale a été édifié en 1992 dans l'enceinte du château.
Avec
une
quinzaine
de
pièces,
construites
à
l'identique
par
un
spécialiste
international,
Renaud
Beffeyte,
il
réunit
la
plus
grande
collection
européenne
de
reconstitution
médiévale
en
fonctionnement.
Le
public
peut
assister
lors
de
la
saison
touristique
à
des
démonstrations
de
tirs
de
trébuchet,
couillard,
bombarde
et
mangonneau,
et
admirer
une
grue
en
bois
telle
qu'utilisée
par
les
bâtisseurs
du
Moyen Âge.