Une Grenouille vit un Bœuf Qui lui sembla de belle taille. Elle qui n'était pas grosse en tout comme un oeuf. Envieuse s'étend, et s'enfle, et se travaille. Pour égaler l'animal en grosseur, Disant : Regardez bien, ma sœur, est-ce assez ? dites-moi. N'y suis-je point encore ? Nenni M'y voici donc ? Point du tout. M'y voilà ? Vous n'en approchez point. La chétive pécore s'enfla si bien qu'elle creva. Le monde est plein de gens qui ne sont pas plus sages. Tout Bourgeois veut bâtir comme les grands Seigneurs. Tout petit Prince a des Ambassadeurs. Tout Marquis veut avoir des Pages.
La morale de La Grenouille qui se veut faire aussi grosse que le Bœuf dénonce la vanité humaine et l’ambition généralement démesurée que la bourgeoisie et la noblesse avaient à l’époque du fabuliste. Jean de La Fontaine les pointe du doigt dans sa fable et les critique ouvertement. La bourgeoisie et la noblesse veulent toujours plus et ne se contentent pas de ce qu’elles ont déjà. Cette morale peut s’appliquer aujourd’hui aux personnes qui veulent aussi toujours plus que ce qu’elles ont déjà, à l’instar de la grenouille qui veut devenir aussi grosse qu’un bœuf.