En
ce
temps
(fin
1800-début
1900),
il
y
avait
chaque
dimanche
deux
messes
à
l'église,
où
tout
le
monde
allait.
La première, celle de six heures, était celle des "paroissiens pressés" et surtout la "messe des gens de garde".
Dans toutes les métairies, ce jour-là, il y avait un tour de garde pour les hommes comme pour les femmes.
Personne n'y échappait.
Patrons, domestiques, parents, enfants.
Chacun assumait cette fonction à tour de rôle.
On disait alors qu'on était de première messe.
En revenant de l'église, il fallait tout faire.
Soigner le bétail, traire les vaches, s'occuper des cochons, de la volaille... et garder la maison.
Rude dimanche !!!, que tous aimaient bien quand même.
Les autres, ceux qui étaient de grand-messe, étaient libres toute la journée.
A dix heures, ils assistaient à l'office chanté et, dès "l'Ite missa est", se retrouvaient sur la Grand-Place.
Les
hommes
d'un
côté,
les
femmes
de
l'autre,
les
jeunes
filles
au
centre,
jetant
à
la
dérobée
des
regards
sur
les garçons ou échangeant avec certains un signe de connivence.
Sur
le
coup
de
midi,
tout
ce
monde
se
répandait
lentement
dans
les
rues
du
village,
glissant
vers
les
auberges
où
les
femmes
s'installaient,
ouvrant
leur
grand
panier
pour
déjeuner
avec
leurs
familles
et
boire
le
vin
de
l'aubergiste.
Dans
l'après-midi,
les
hommes
entamaient
d'interminables
parties
de
"luette"
(jeu
de
cartes
du
marais
vendéen,
venu
d'Espagne)
et
lorsque
vers
les
six
heures
du
soir
les
cloches
sonnaient
pour
annoncer
les
vêpres,
les femmes regagnaient l'église, laissant pères et maris jouer aux cartes, souvent tard dans la nuit.