Napoléon admirait les Vendéens et disait qu'ils étaient des "géants". Durant toute l'année 1793, ils firent trembler la Révolution. Elle leur fit payer cette peur par des atrocités sans nom. Ils étaient le petit peuple des campagnes et des bourgs. Au début de 1793, leur soulèvement s'étendit comme un raz de marée. Ils s'en allèrent chercher d'anciens officiers nobles pour les commander. C'est ainsi que tout a commencé. La Vendée du soulèvement contre la Révolution, la "Vendée militaire", n'avait pas d'unité historique avant 1793 et pas plus d'unité géographique. Au nord-est, elle mord sur l'Anjou, au sud sur le Poitou. Le marais ne ressemble pas au pays des Mauges qui est différent du bocage. Un destin tragique a forgé l'unité de ce pays de 600 paroisses et de 700000 habitants. La "Vendée militaire" n'est pas limitée au territoire du département qui porte son nom. Elle forme une vaste région de cent kilomètres de profondeur sur la rive gauche de la Loire. Elle est circonscrite au nord par le fleuve, à l'ouest par l'océan, dont la côte sera constamment disputée. Au sud, sa frontière passe au-dessus de Luçon, ville républicaine, et à l'est elle suit le cours du Thouet entre Saumur et Parthenay. En 1793, les routes étaient rares et médiocres. Hormis les deux grands axes Nantes-La Rochelle et Les Sables-Cholet qui se coupent au lieu-dit les Quatre-Chemins, les communications étaient assurées par des chemins que l'hiver transformait en bourbiers. Les haies qui les bordaient et clôturaient les champs étaient souvent épaisses de trois mètres et plus, hérissées de houx, de ronces et d'aubépines d'où surgissaient les troncs des ormes et des chênes. Après deux récoltes, les terres restaient en jachère pendant quatre ans et se couvraient rapidement d'ajoncs et de genêts d'une hauteur supérieure à celle d'un cheval. Dans un tel pays, il était facile de se déplacer sans être vu, de constituer des gîtes pour le repli et l'accueil. Kléber dira : "C'était un labyrinthe obscur et profond dans lequel une armée ne peut en quelque sorte marcher qu'à tâtons et sans se déployer"