On appelle "Vendée militaire" les territoires qui se soulevèrent en 1793 contre la Convention (Assemblée constituante) : en Anjou, les Mauges, autour de Cholet ; en Poitou, la Gâtine, le Bocage et le Marais vendéen, le pays de Retz, autour du lac de Grand-Lieu. Ces régions de pénétration difficile, coupées de haies et de cours d'eau, forment un terrain favorable aux embuscades. On distingue la Vendée militaire, contrôlée par l'armée catholique et royale, des pays de chouannerie (Maine, Normandie, Bretagne), les royalistes opérèrent en ordre dispersé. Si les premières années de la Révolution ne provoquent aucun rejet de la part de la paysannerie locale, l'opposition entre la Vendée et Paris se noue autour de la persécution des prêtres réfractaires à la Constitution civile du clergé. Cette répression donne lieu à des révoltes sporadiques. L'exécution de Louis XVI, mais surtout la conscription forcée, sont à l'origine de l'insurrection qui éclate en mars 1793 à St-Florent-sur-Loire, puis qui s'étend rapidement à toutes les Mauges angevines et au Bas-Poitou. Dirigés au début par des chefs issus du peuple, comme Cathelineau, colporteur au Pin-en-Mauges, ou Stofflet, garde-chasse à Maulévrier, les paysans font ensuite appel à leurs "Messieurs". Dans les Mauges, les gars de Beaupréau vont chercher d'Elbée et ceux de St- Florent le marquis de Bonchamps. Au cœur du bocage et du marais, Sapinaud et le chevalier de Charrette conduisent leurs fermiers, comme en Gâtine le jeune châtelain de la Durbelière, La Rochejaquelein, et celui de Clisson, Lescure. Ces "Brigands" armés de faux, de fourches et de quelques fusils, puis d'armes de guerre prises aux Républicains, sont groupés en paroisses. Tous portent le scapulaire, une étoffe ornée du Sacré-Cœur enflammé surmonté d'une croix, que l'on passe sur les épaules et qui couvre le dos et la poitrine. Le drapeau des Vendéens est blanc, semé de fleurs de lys, et porte souvent la devise "Vive Louis XVII". La base de leur tactique est la surprise, les bons tireurs enveloppent la force adverse et, dissimulés dans les haies, déciment l'ennemi. Puis tout le monde se jette à l'assaut au cri de : "Rembarre ! Vive la Religion I Vive le Roi !". En avril 1793, les Bleus (républicains) ont réagi et, malgré un grave échec à Chemillé, ont repoussé l'armée catholique et royale sur la Sèvre. Puis celle-ci reprend l'avantage et s'empare de l'Anjou en juin. Mais son premier chef Cathelineau est tué lors des assauts infructueux contre Nantes et d'Elbée prend alors le commandement. La menace extérieure des armées coalisées étant en partie levée, la Convention s'inquiète de ce conflit intérieur qui lui semble le plus important. L'armée de Mayence, conduite par Kléber, Westermann et Marceau, est envoyée en Vendée militaire. Vaincue d'abord à Torfou, cette armée remporte la sanglante bataille de Cholet que l'armée vendéenne essaie de reconquérir. Lescure et Bonchamps sont mortellement atteints. En se retirant sur St-Florent, Bonchamps, mourant, fait libérer des milliers de prisonniers. Puis l'armée catholique et royale passe la Loire, dans l'espoir de rejoindre à Granville une flotte anglaise. Elle échoue dans cette tentative, les déroutes du Mans et de Savenay finissent de désagréger ce qui en reste. Décrétée par la Convention, la répression commence alors. Elle est véritablement effroyable durant l'hiver 1794, s'accompagnant d'exécutions massives et de la destruction de la Vendée. Deux armées, commandées par le général Turreau, sont divisées en colonnes ayant chacune un itinéraire précis. La mission de ces Colonnes infernales est d'exterminer les combattants, les femmes, "sillons reproducteurs", et les enfants, "futurs brigands", et de détruire l'habitat et les cultures. Cependant, au cours de cette année 1794, la Vendée résiste encore et mène une guerre d'usure contre l'occupant. Dans les Mauges, Stofflet tient la campagne et défait les Bleus sur plusieurs sites. Dans le Marais et le Bocage, Charette harcèle les républicains par de petits raids inopinés. Cette guérilla, la mort de Robespierre, l'action pacificatrice de Hoche font qu'au début de 1795, la paix est signée avec Charette à La Jaunaye, avec Stofflet à St-Florent. Quelques mois plus tard toutefois, à l'instigation du comte d'Artois, Charrette et Stofflet reprennent la lutte. Mais la Vendée est à bout de souffle et, le frère du roi ne secourant pas ses fidèles. Hoche, habile et généreux, réussit à pacifier la région en obligeant d'Hervilly à se réfugier dans la presqu'île d'Oléron. Il assure la victoire de la République en juillet 1795. En 1796, Stofflet, pris à côté de Jallais, est fusillé à Angers. Charette, capturé à la Chabotterie, subit le même sort à Nantes et meurt, le 29 mars au cri de : "Vive le Roi !"