Située aux confins de l'Empire, la Gaule n'a jamais possédé de cités romaines de premier ordre. Les villes ont néanmoins, dans de plus modestes proportions, tous les caractères des autres villes de l'Empire. Les maisons sont construites à l'aide de pierres et même de briques cuites, reliées par un mortier très solide composé de chaux et de sable et surnommé ciment romain. Les rues sont couvertes de larges dalles irrégulières, assises sur un lit de ciment, et d'une solidité à peu près indestructible. Toutes sont bordées de trottoirs surélevés et maintenus par des bordures de pierres régulières et par des "umbos", ou pierres plus hautes formant bornes. De distance en distance, des dalles saillantes permettent de traverser la chaussée à pied sec, les jours de pluie, car le dallage absorbe difficilement les eaux pluviales. Au long de ces rues s'ouvrent des boutiques, échoppes entièrement ouvertes, comme le sont encore souvent nos boucheries. Elles n'ont, du reste, que des dimensions restreintes, et l'on n'y pratique que le petit commerce de détail. Des fontaines publiques s'espacent à courte distance les unes des autres. Chaque rue possède son autel, l'effigie des dieux locaux voisine avec les deux serpents qui équivalent à une interdiction de souiller le monument. Cet urbanisme romain, parvenu à un très haut degré de perfection, disparaîtra lorsque les Barbares, puis les Francs, occuperont nos provinces.