Pendant le Moyen-Âge (400-1400), l'ameublement des maisons est rustique et minimaliste.
Le coffre occupe une place majeure quelle que soit la demeure.
Meuble de rangement, mais aussi assise, la paysannerie médiévale disposait de coffres nommés "huche".
Souvent sur les routes en temps de guerre, les seigneurs devaient pouvoir partir avec leur mobilier.
Les rares meubles dont ils disposaient étaient donc conçus pour être démontables et facilement transportables.
Une
table
composée
de
plusieurs
planches
posées
sur
des
tréteaux
et
recouvertes
de
tissus
dans
les
logements
les
plus riches.
La table est encore un meuble en devenir.
À l'heure de s'attabler, on "dresse la table".
Cette
expression
est
restée,
et
bien
ancrée,
dans
notre langage courant !
Un
lit
large,
car
accueillant
plusieurs
membres
de
la
famille,
court
puisqu’on
ne
dort
jamais
allongé
par
peur de la mort.
Le
lit
a
un
rôle
central
au
Moyen-Âge
et
est
placé
à
l'endroit le plus confortable de la maison.
Le 15ème siècle (1401-1500), dans l'histoire de la maison et des châteaux, deviendra un siècle très important.
Sous
l'influence
des
mœurs
qui
perdent
leur
brutalité
féodale,
sous
celle
aussi
de
certaines
maisons
souveraines,
le
goût du luxe et le désir du confort se répandent.
En
même
temps,
la
fortune
de
la
bourgeoisie,
très
fortement
accrue
dans
les
villes
commerçantes,
permet
des
installations jusqu'alors réservées à la seule noblesse.
C'est
ainsi
que
les
murs
intérieurs
des
chambres,
jusque-là
nus
ou
peints,
commencent
à
se
couvrir
de
ces
magnifiques et renommées tapisseries des Flandres.
Ces tapisseries poursuivent du reste un double but d'ornement et de défense contre le froid.
Celui-ci reste à craindre.
Ni
le
chauffage,
ni
l'éclairage
ne
réalisent
de
progrès
sérieux.
Les
cheminées
ont
même
tendance
à
diminuer
de
proportions et le mobilier ne se développe guère.
Ce
sont
toujours
les
lits
entourés
de
rideaux
qu’on
relève
en
paquets
pendant
la
journée,
des
coffres
à
usages
divers,
de
rares
crédences
(petit
meuble)
servant à enfermer les objets précieux.
Aucun siège n'est rembourré.
On
adoucit
la
dureté
du
bois
par
des
coussins
mobiles.
Les
horloges
apparaissent,
très
rudimentaires
encore
et peu précises.
Les
unes,
munies
de
pieds,
se
déposent
sur
un
meuble.
D'autres,
à
chaînes,
se
suspendent
au
mur
ou
même
au plafond à la façon d'un lustre.
Tous
ces
nouveaux
éléments
vont
se
développer
rapidement
et
aboutir
à
de
magnifiques
ensembles
décoratifs.
La Renaissance du 16ème siècle (1501-1600) continue et développe le mouvement commencé au 15ème.
Le
goût
s'affine
et
le
nombre
des
fortunes
bourgeoises
augmente
dans
de
fortes
proportions,
et
dans
toutes
les
villes
s'élaborent, dans des maisons neuves, des intérieurs luxueux.
Les fenêtres s'élargissent et se multiplient.
Les appartements deviennent clairs.
Aux
meubles
rares
du
Moyen
âge
succèdent
des
mobiliers
considérables,
vastes
lits
à
colonnes,
tables,
armoires,
crédences,
cabinets, dressoirs.
Tout cela, surtout pendant la première moitié du siècle, surchargé d'ornements et de sculptures.
Le
moindre
meuble
se
complique
de
figures
en
relief,
de rinceaux de guirlandes.
Ce goût va jusqu'à l'absurde.
On
produit
des
objets
ménagers,
fers
à
repasser,
casseroles,
couteaux,
si
chargés
d'ornements,
qu'ils
ne jouent plus qu'un rôle de parade.
Ni
l'éclairage,
ni
le
chauffage
ne
font
d'ailleurs
de
progrès.
La cheminée reste ce qu'elle était au 15ème, siècle.
L'éclairage est encore produit à l'aide de cierges et de mauvaises lampes à huile où trempe une mèche.
La Renaissance ne vise pas le pratique, mais à l'aspect décoratif.
On
remédie
au
froid
en
garnissant
les
murs
de
merveilleuses
tapisseries
et
en
remplaçant
les
carrelages
par
des
parquets.
Du reste, plus aucun souci d'hygiène.
Les bains deviennent de plus en plus rares.
On préfère s'inonder de parfums coûteux, importés d'Italie et d'Orient.
L'intérieur
des
habitations
et
le
mobilier
se
modifient
avantageusement
pendant
la
première
moitié
du
17ème siècle (1601-1700).
Les
dernières
traces
du
Moyen-Âge
(400-1400),
encore
subsistantes
au
16ème
siècle,
achèvent
de
disparaître.
Aux
escaliers
étroits,
presque
dérobés,
succèdent
des
escaliers
larges,
qui
deviennent
souvent
monumentaux dans les hôtels riches.
De
même,
les
fenêtres
encore
étroites
et
à
petits
carreaux
de
la
Renaissance,
font
place
à
des
fenêtres
vastes,
garnies
de vitres d'un format déjà plus grand.
Les appartements s'éclaircissent.
On se défend du soleil et le soir des regards indiscrets, par de petits volets intérieurs.
Par contre, les cheminées deviennent trop petites par rapport à la dimension des chambres.
Il
n'est
pas
rare,
l'hiver,
de
voir
les
habitants
de
la
maison
assis
par
terre,
en
demi-cercle,
devant
le
feu,
dans
l'étroite
zone où la chaleur du feu de bois se répand.
La mode des tapisseries passe, ou du moins diminue.
Elle
est
remplacée,
par
le
goût
des
tableaux
et
des
cuirs de Cordoue.
Ces
derniers
jouent
un
rôle
très
important
dans
la
décoration,
comme
les
lourds
meubles
d'ébène,
de
"bois-des-îles" ou de vieux chêne.
D'une
manière
générale,
l'aspect
des
appartements
devient moins intime, plus froid.
Les
divisions
modernes
commencent
à
s'introduire
:
salons, chambres à coucher, cabinets de travail.
C'en est fini de la chambre unique, à tous usages, du Moyen-Âge et de la Renaissance.