Avec l'arrivée du froid, nous allons pouvoir retrouver les magnifiques flambées qui réchauffent et illuminent les soirées d'hiver. Mais sommes-nous bien conscient des conséquences du déboisement ? Depuis l'aube de l'humanité, il rend à l'homme des services inestimables. Sans lui, on peut affirmer que le monde serait tout à fait différent et que, peut-être, certains pays comme les états-Unis d'Amérique par exemple, n'existeraient pas encore... Depuis que l'homme a découvert le moyen de faire du feu à volonté, il se chauffe au bois. Les grottes préhistoriques gardent toutes les traces de foyers qui permettaient de survivre au froid (Les premières ébauches de peintures rupestres furent d'ailleurs tracées à l'aide de charbon de bois.) Ce premier mode de chauffage à certainement contribué au développement de l'humanité. Par la suite, le "feu de bois" resta un élément important de la vie, que ce soit en plein air ou dans les premiers abris construits, eux aussi, en bois (au début, de simples branchages). A partir de ce moment, diverses "inventions" renforcèrent le rendement du bois de chauffage, par exemple l'invention du poêle, qui permet de faire rayonner davantage de chaleur dans la pièce. Mais, plus l'homme s'éloigne de la vie primitive, plus le problème du ravitaillement en bois se pose. S'il était relativement aisé de se procurer du bois lorsqu'on vivait dans ou en marge des forêts, le faire venir dans les villes n'était pas si simple. Il faut dire que, pour une même quantité de chaleur fournie, le bois pèse deux fois plus et a cinq fois plus de volume que la houille ! On vit donc se développer une industrie nouvelle, dans les forêts, celle du charbon de bois. Notons que le chêne a toujours été considéré comme le bois de chauffage par excellence et que le bouleau a toujours été recherché par les boulangers pour chauffer leur four. On en distingue cinq dans le commerce. Voici comment y sont classées les essences de nos pays : Bois durs : chêne, orme, hêtre, frêne, charme, acacia, châtaignier, érable, platane,... Bois blancs ou bois tendres : bouleau, aulne, peuplier, saule, marronnier, tilleul,... Bois d'arbres verts : pin, mélèze, houx, if, olivier... Bois de sauvageons : pommier, poirier, prunier, alisier, sorbier, mûrier, noyer,... Bois d'arbres de landes : genévrier, rosier, troène, bruyère, lierre, ronce,... Quelques exemples de spécialisations : Noyer, peuplier : meubles. Tremble : allumettes. Noyer : les inusables sabots de jadis. Les premiers outils comme les premières armes furent en pierre ou en bois. Et même lorsque, par la suite, le progrès fut de fabriquer des outils et des armes en fer, ce ne fut possible que grâce au bois (premier combustible utilisé par les forgerons...). Mais l'un des rôles les plus importants que joue le bois dans l'histoire du monde fut certainement celui qui concerne les déplacements et particulièrement la conquête des terres nouvelles. Car le bois fut longtemps l'élément principal dans la construction des bateaux. De la pirogue rudimentaire du "sauvage" aux vaisseaux des conquistadors qui colonisèrent les Amériques, en passant, bien entendu, par les drakkars des Vikings qui écumèrent les côtes de nos pays. Pensons-y, sans le bois, l'histoire n'aurait sans doute pas eu de grands empires. Et pensons aussi, pour terminer, aux soins que nécessita cette "industrie" colossale : la construction des navires. Ils devaient résister aux plus fortes tempêtes et leurs pièces maîtresses devaient être non seulement de bois durs (surtout du chêne) et de qualité, mais elles devaient être taillées dans les arbres, dans leur forme naturelle, pour être plus résistantes. Le bois est un élément principal de bien des activités humaines et un livre entier ne suffirait pas à faire le tour du sujet. Ce livre devrait d'ailleurs être imprimé sur du papier (qui est fait à base de bois !). La construction lui doit beaucoup, aussi bien dans le domaine de l'habitat (les charpentes, les escaliers) que dans celui des édifices publics. L'industrie y a recours de multiples façons (du bois de mine aux caisses d'emballage) aussi bien, indirectement, que pour le transport des marchandises (beaucoup de traverses de voies de chemin de fer sont en bois). Le bois est vraiment l'un des plus "puissants" et des plus importants serviteurs de l'homme... L'importance de la forêt dans la vie, et dans l'histoire de l'homme, est extraordinaire. Longtemps, les hommes l'ont respectée au point que les premiers dieux qu'ils adorèrent furent les divinités forestières... Le chêne fut sans doute un des plus vénéré. On peut dire que, souvent, la civilisation s'est propagée au détriment des forêts. L'homme de l'âge du bronze sut, grâce à ses outils, abattre les arbres de taille moyenne, et même équarrir un tronc. Mais comme il ne savait pas défricher, il se contenta d'incendier la forêt. Exactement comme firent les Germains, les Slaves et, plus près de notre époque, les premiers colons américains. Bien sûr, devant l'immensité des fabuleuses forêts du nouveau-monde, on imagine facilement que les pionniers aient dû se dire : "Il y a tant d'arbres qu'il en restera toujours trop..." Ce en quoi ils se trompaient lourdement. Car l'immensité d'une forêt peut être son point faible. Une seule étincelle et un vent complice peuvent détruire la plus grande des forêts, si celle-ci est loin des centres de lutte contre les incendies. En août 1910, un incendie de forêt dans l'Idaho détruisit, outre les arbres, plusieurs douzaines d'agglomérations et huit villes. Pendant la seconde Guerre mondiale, les japonais essayèrent même de mettre à profit cette vulnérabilité des Etats-Unis en lâchant des ballons lestés de matières auto-inflammables que des vents qui soufflaient vers l'Amérique devaient amener au-dessus des grandes forêts. Heureusement, ces sournoises attaques ne réussirent pas. Beaucoup plus récemment près de Marseille et en Corse de gigantesques incendies ont détruit un patrimoine naturel inestimable. Le déboisement et progrès coûtent d'immenses forêts. L'histoire est jalonnée d'arbres abattus. Pour percer les voies de chemins de fer, pour bâtir des ponts, des villes... Ou, comme ce fut le cas par exemple en Angleterre, pour construire d'immenses flottes de guerre et de commerce. Ce pays, jadis couvert d'immenses et belles forêts, en sacrifia aussi une partie importante pour l'élevage du mouton. Au XIXe siècle, la mécanisation de plus en plus poussée permit d'effectuer des déboisements encore plus intensifs. Aujourd'hui, l'arbre est pour l'homme un "produit" dont la grande consommation impose des déboisements intensifs. Des meubles au papier, en passant par tout ce que la chimie peut tirer du bois, notamment par la "distillation sèche", goudron, acétone, vinaigre de bois, etc. Et la liste serait encore longue de tout ce que la forêt nous apporte (eau de vie, sucre, parfums,...). Ce qui explique la nécessité de déboiser pour répondre à toutes les demandes. Les conséquences du déboisement, lorsqu'il est effectué de manière intensive, peuvent entraîner de véritables catastrophes. Les exemples extrêmes sont les déserts, dont beaucoup furent jadis des terres couvertes d'arbres. Et s'il est facile de détruire un arbre ou une plante, il est difficile de les réimplanter dans un sol devenu stérile et livré aux mécanismes d'érosion liés aux vents. Il faut insister aussi sur le rôle que joue la forêt dans la respiration de notre planète,(par l'élaboration chlorophyllienne) et sur le fait que des déboisements massifs comme ceux, par exemple, permettant la percée d'une route à travers la forêt amazonienne, réduisirent ce rôle. En conclusion, le déboisement est acceptable lorsqu'il est bien étudié et limité. C'est affaire de spécialistes qui prévoient le remplacement des arbres abattus, ou, dans certains cas, l'adaptation du terrain à l'agriculture. Heureusement, dans nos pays, les services compétents veillent sur ce patrimoine et possèdent les spécialistes capables de ne pas trop sacrifier aux exigences du "progrès", ce consommateur vorace de bois.