Sénéchal ? Un bien grand titre pour une châtellenie comme celle du PUY DU FOU. Mais pour savoir quelles étaient exactement ses fonctions, il faut tout bonnement prendre le Petit Larousse. Découvrirez qu'un sénéchal "était un officier féodal ou royal qui dans un certain ressort était chef de la Justice". Pour nos seigneuries Bas-Poitevines, c'était en quelque sorte le Juge de Paix. Au Puy du Fou, comme ailleurs, nos ancêtres étaient passablement chicaneurs Le sénéchal défendait les intérêts de son seigneur, et rendait la justice sur toute l'étendue de la châtellenie. Le sénéchal du Puy du Fou était en même temps notaire et régisseur, rendait les hommages que la baronnie devait à Rochetemer et à Mortagne, dont elle dépendait. En un mot ses attributions étaient de faire régner l'ordre sur toute l'étendue de la juridiction du Puy du Fou. Charles-Joachim Girault de la Limouzinière remplissait ces fonctions depuis au moins 1780. Il était né et baptisé le 12 septembre 1742 à La Ferrière, et était fils de François Girault de la Clairie et de Marie Basty de Grandchamp. Ces Girault appartenaient à cette bourgeoisie vendéenne que nous retrouvons en ce Haut-Bocage exerçant de multiples charges de judicature (chargé de rendre la justice). Charles-Joachim Girault épouse le 9 mai 1780 à Sainte-Gemme-des-Bruyères, actuellement le Tallud-Sainte-Gemme, Jeanne-Charlotte Merlet, fil le de René Merlet sieur de la Jaunière, notaire et procureur-fiscal de Palluau, et de Charlotte Bodin, sœur de Merlet, premier Préfet de la Vendée. Quand éclata l'insurrection Vendéenne, Charles-Joachim Girault opta résolument dès le premier jour pour le mouvement insurgé. Dès 1793, il fit partie du premier, puis du second Comité Contre-Révolutionnaire des Epesses, mis en place par l'Etat-major des Armées Vendéennes. Au sein de ce Comité, il prendra des initiatives qui lui vaudront la haine du révolutionnaire local, Gabriel-Vincent Chenuau, notaire du Puy du Fou. Aux tous premiers jours du soulèvement, Charles-Joachim Girault et cinq autres membres du Comité des Epesses : Fuseau, Rayneteau, Brandit, Lerin et Brousseau, oblige Chenau, alors prisonnier des Vendéens aux Herbiers, à leur remettre la somme de 10.440 livres, provenant de la vente effectuée de biens et objets mobiliers. Cette somme sera remise au marquis de Donissan, Général de l'Armée Vendéenne. Le 8 novembre 1793, alors que l'Armée Vendéenne bataillait Outre-Loire, le citoyen Baron, de la garnison de Cholet, fut chargé d'aller "révolutionner" le bourg des Epesses et ses environs. Chenuau lui remit une liste de 26 habitants des Epesses, que Baron fit arrêter. Sur cette liste figurait Girault. Ces vingt-six habitants furent arrêtés sauf Joachim Girault qui réussit à se cacher. Ils furent envoyés à la Commission militaire de Saumur qui les jugea et les fit exécuter. Et le 13 novembre Chenuau écrivait à Baron de retour à Cholet : "Il nous faudrait encore Girault ; l'on m'a assuré qu'il était caché à la métairie de Roche- Venve, paroisse de Saint-Malo-du-Bois ...". Mais Girault restait introuvable. Une de ses cachettes se trouvait non loin du Puy du Fou, dont il ne cessait de défendre les intérêts, la métairie de La Garouflère. Puis les Vendéens ayant réagi vivement contre les Colonnes Infernales, Girault en profitera pour sortir de sa cachette, il reprendra ses fonctions de sénéchal du Puy du Fou et on trouvera sa dernière signature le 27 mai 1794. Suprême imprudence ! Quelques jours plus tard, Joachim Girault était massacré dans le bourg de Chambretaud, par les amis de Chenuau. Ce décès est mentionné sur la liste des victimes établie le 19 juin 1794, par l'abbé Gabard, curé de Chambretaud. Ce fut le dernier sénéchal du Puy du Fou, et il périt victime de ses convictions religieuses.