En 1886, sous l’impulsion du Général Boulanger qui tient à une politique agressive et revancharde vis-à-vis de l’Allemagne (Guerre franco-allemande 1870-1871), l’armée française se dote d’une nouvelle arme "le fusil Lebel". Il était impératif de remplacer le Fusil Gras modèle 1874 dépassé depuis l'apparition dans l'Empire Allemand du nouveau modèle de Mauser Modèle 1871-84. En effet, le Fusil Gras modèle 1874 était à un coup et utilisait de la poudre noire et des balles en plomb, tandis que le Mauser 1871-84 était à répétition 8 coups de calibre de 11 mm (balle en plomb). Avec l'humidité, la poudre noir dégage énormément de fumée et sa très mauvaise combustion entraîne des résidus qui encrassent les armes. En raison de ces inconvénients, les armes utilisant la poudre noire sont de gros calibre pour augmenter la tolérance et réduire la fréquence des nettoyages. Depuis 1883 une commission d'armement planchait sur le remplaçant du fusil Gras 1874. En 1884 le chimiste français Paul Vieille invente la poudre sans fumée. Le "Fusil Modèle 1886M93", est baptisé du nom d’un des membres de la commission qui a contribué à sa création et au essai de tir : le colonel Nicolas Lebel. Le colonel Nicolas Lebel était aussi en charge d'apprendre aux recrues comment se servir de cette arme au Camp de Châlons. C'est en 1886 que l'armée française adopte le Lebel modèle 1886, premier fusil réglementaire à 10 coups utilisant la poudre pyroxylée (substance explosive à base de nitrocellulose (coton-poudre gélatinisé)) connue sous poudre sans fumée nommée poudre "B" offrant un tir plus discret et trois fois plus puissante, à poids égal, que la poudre noire. Il adopte aussi des balles chemisées en maillechort (ou cuivre) inventées par le capitaine Eduard Rubin de l'Armée Suisse en 1882. Sa capacité est de 10 cartouches réparties dans un magasin de 8 cartouches faible calibre (8mm), 1 dans le transporteur et 1 dans la chambre. Cette arme était robuste, fiable et précise est considéré par beaucoup comme le 1er véritable fusil moderne mais pouvait avoir des enrayements si elle était mal utilisée. Enfin le fusil Lebel pouvait être équipé de lunettes de tir réglementaires permettant le tir de précision jusqu’à 800 mètres. Le fusil Lebel modèle 1886 sera modifié en 1893 et avec l'utilisation de la cordite, sa portée maximale passera de 2000m de 2400 mètres. La balle est meurtrière à toutes les distances et à 2400 mètres, elle a encore une force suffisante pour traverser un homme dans les parties molles et, le plus souvent, casser un os. C’est le fusil de la grande guerre du poilu. Apprécié toutefois de nos soldats par sa précision et son confort de tir, ce fusil est très long (1,30m) ce qui est une gène dans les combats de tranchées. Quand il est équipé de sa baïonnette (Rosalie) l’arme atteint 1,82 m entraînant de la part du poilu son surnom de "canne à pêche". La baïonnette est connue pour le combat au corps à corps, mais avec son poids (470gr), elle a aussi la fonction d'équilibrer le fusil lors du tir (gain de précision). En 1914, le fusil Lebel est l’arme de dotation de toute l’infanterie et le restera longtemps même après la guerre. Le Lebel sera encore utilisé en 1945 avec les FFI puis il retournera dans les dépôts. Il en ressortira peu de temps après pour équiper certaines troupes complémentaires en Algérie et en Indochine.