L'histoire l'a conservé et le Puy du Fou l'a remis en mémoire...
Désormais cet épisode est inscrit dans les échos collectifs du Monde.
La Voix et le geste...
L'espérance naissant d'un geste d'agonie...
La bonté de l'homme triomphant de la cruauté et de l'absurdité de la guerre...
La Mort et la Vie...
Images des symboles de la loyauté, de la lucidité, de la Fraternité.
Illustration ineffaçable de vertus bien oubliées de nos jours.
Mais
n'était-ce
pas
ce
que
prêchaient
les
orateurs
de
la
Nouvelle
Philosophie
du
dix-huitième
siècle
?
Seulement,
les
théoriciens
de
ce
temps
pratiquaient
déjà le trop célèbre aphorisme :
"Je dis et vous faites".
Le règne du Médiocre allait arroser de sang les lys décimés...
Bonchamps était l'homme qui vivait l'impossible.
Cet
impossible
que
Voltaire
et
Rousseau
avaient
rêvé
en
forme
de
république
idéale,
que
Robespierre
et
ses
compagnons
d'infamie
transformeraient
en
massacres
des
Innocents,
que
les
chefs
Vendéens
assumeraient
en
défi
et
que
Bonchamps allait sublimer en un geste de légende et un mot historique...
Il
était
la
preuve
par
la
mort
que
les
enchantements
étaient
toujours
à
l'Ouest,
que
par-delà
cette
signature
qui
avait
embastillé
les
horizons
du
Poitou
légendaire,
existerait
un
département
sauvé
de
l'anonymat
par
un
ruisseau nommé Vendée.
Un
royaume
immortalisé
par
les
exploits
couleur
de
sang,
les
sacrifices
auréolés de haine et d'amour, dans une Croisade de l'Inutile...
"GRÂCE AUX PRISONNIERS",
cria Bonchamps, en bordure du fleuve Loire...
"Grâce
aux
prisonniers",
que
répétaient
les
buissons
et
les
échos
habillés
de
lys
écarlates,
de
bonnets
phrygiens
rougissants,
et
de
couronnes
de
genêts
en
fleurs.
La
nature
offrait
un
décor
grandiose,
et
la
mort
du
Héros
Vendéen
devenait
le
"Salut
des
Autres",
le
sourire
des
humbles,
le
"Pardon
du
Soldat",
en
éternisant le goût du panache, et le refus de n'être que colère et représailles.
Le
geste
du
Vendéen
agonisant
sur
le
brancard
improvisé,
la
main
qui
se
lève,
la voix qui s'enroue, les cavaliers qui s'inclinent devant la volonté pacifique...
Et
la
voix
de
Bonchamps
répercutée
par
le
peuple
ému
aux
larmes
échos
au-
dessus
de
l'angoisse
et
de
la
douleur
heure
à
jamais
marquée
dans
l'éternité
humaine qui chaque jour entendra, ou devrait entendre, le cri légendaire.
"GRÂCE AUX PRISONNIERS".
L'histoire l'a conservé.
Le Puy-du-Fou le remet en mémoire.
L'ensemble est une projection de l'âme vendéenne.
Un
appel
pour
raffermir
au
cœur
de
nos
contemporains,
la
certitude
que
partout
autour
de
nous,
au-delà
des
impatiences,
des
absences,
des
intolérances,
au-delà
des
affamés
de
gloire
et
des
oubliés
de
la
planète,
il
y
a
des mots nés dans la souffrance d'un homme et dans l'héroïsme des sacrifiés :
"Grâce aux Prisonniers"
Trois mots pour la purification des massacres blancs et bleus.
Un geste pour la Postérité.
Trois
mots
et
un
geste
pour
inscrire
au
fronton
vendéen
le
blason
d'un
humanisme toujours présent au cœur de tous et de chacun...
Et
aux
soirs
des
spectacles
de
ce
fastueux
livre
d'images
qu'est
le
Puy
du
Fou,
défile le flot des Nouveaux Initiés à la ferveur vendéenne.
Ceux
qui
refluent
vers
les
véhicules
de
la
servitude
moderne
emportant
au
fond de leurs yeux les prodiges personnifiés par ce château.
Ceux
qui
marchent
au
rythme
des
reflets
de
ce
passé
et
de
ce
présent
dansant
sur les eaux du lac enchanté.
Ceux
qui
s'en
vont
heureux,
de
notre
Joie
et
des
sentiments
éternels
éveillés
par ces échos de la Vendée Militaire.
Ceux
qui
savent
que
désormais
ces
géants
sont
une
symphonie
quotidienne
et
permanente en bleu et blanc et le témoignage d'une aventure humaine...
Bonchamps !
Le geste et le visage du Courage et de la Pitié.
La révélation du troisième personnage d'un douloureux triptyque.
La Guerre, le Chef, et ceux qui se battent.
Bonchamps a réhabilité les Innocents.
Et
ce
qui
est
symptomatique
de
la
portée
planétaire
de
ce
geste,
c'est
la
contraction en TROIS MOTS d'une scène historiquement autre.
Bonchamps
blessé,
aux
portes
de
l'infini,
entendait
les
rumeurs
et
les
hurlements vengeurs.
Il était ainsi fait, qu'il ne croyait point aux vertus de la vengeance.
À tort ou à raison, il faisait la guerre, rien que la guerre...
Et il voulait empêcher cette horreur, qui ternirait le double cœur vendéen...
Il dit à son cousin :
"MON
AMI,
C'EST
PROBABLEMENT
LE
DERNIER
ORDRE
QUE
JE
VOUS
DONNERAI, LAISSEZ-MOI L'ESPÉRANCE QU'IL SERA EXÉCUTÉ".
Et le Comte d'Autichamp (1770-1859), lança la parole sacrée.
"Grâce aux Prisonniers.
Bonchamps l'a dit. Bonchamps le veut !
Bonchamps l'ordonne !
Il y avait près de lui le petit Herminée battant doucement sur son tambour.
Il faut aller au-delà de la scène.
Ce
qui
importe,
c'est
que
son
vœu
fut
accepté,
que
la
foule
le
crût,
et
le
cria,
et
le crie encore.
Un geste d'humanité dans une frénésie destructrice.
La Foi domptant l'Animalité.
C'ÉTAIT LE VENDREDI 18 OCTOBRE 1793...
Il faisait beau, mais froid.
A
onze
heures
du
soir
l'homme
mourut,
laissant
au
Héros
le
privilège
de
crier
aux générations futures, ces paroles extraordinaires :
"GRÂCE AUX PRISONNIERS !"
Le Geste de Bonchamps.
La Voix de Bonchamps !
Puissent-ils
être
entendus
de
tous
les
hommes,
et
que
l'intolérance
se
voile
la
face
et
se
courbe
devant
le
symbole
du
lys
bénissant
le
bonnet
phrygien,
devant la Vérité de l'amour humain interdisant les gestes de la Guerre.
Ici dans ce haut lieu, l'histoire ne peut plus s'isoler de la légende.
L'une
et
l'autre
renaissent
de
l'attention
et
de
l'enthousiasme
des
pratiquants
et des spectateurs de cette romanesque réalité.
Cet
opéra
vivant
des
ombres
et
des
gerbes
de
lumière,
et
ressuscitant
au
cœur
de chacun de nous.
Au-delà
du
conte
particulier
se
greffe
l'histoire
des
hommes,
la
tendresse
des
femmes de l'éternité des paysages qu'ils fécondent.
Ces
lieux
où
le
bleu
et
le
blanc
s'épousent
étroitement,
où
le
geste
de
Bonchamps
s'interpose
pour
que
ce
mariage
n'engendre
plus
le
sang,
car
le
rouge de la révolte n'est pas forcément la pourpre de la Gloire.
Bonchamps n'avait pensé qu'à la sauvegarde de ses frères en humanité.
Il mourait, mais il ne voulait pas faire mourir.
Trois mots pour épargner les trois couleurs de la Vie.
Un symbole de ce que devrait être un homme dans une société d'homme.
Ce fut l'histoire, c'est devenu une légende.
Mais
c'est
chaque
soir
de
nos
étés
vendéens,
une
réalité
de
chair
et
d'apothéose...
Un
soir
au
Puy
du
Fou,
dans
le
silence
des
armes
apaisées,
une
voix
dit
encore :
"GRÂCE AUX PRISONNIERS !"