La
Vendée
compte
quelques
lieux
mythiques
par
leur
cadre
exceptionnel
et
l'histoire
dont
ils
portent
encore
aujourd'hui
le souvenir.
L'origine
du
nom
proviendrait
d'une
légion
romaine
qui
y
a
établi
un
camp,
reconnaissable
à
l'alouette
en
bronze
qui
ornait le casque des légionnaires gaulois de l'armée romaine, ayant campé sur ces lieux.
De tout temps, cette colline soulevait des enjeux stratégiques, ayant connu bien des guerres.
En 732, les Sarrasins y furent délogés après la bataille de Poitiers.
Le Mont des Alouettes a aussi été un poste frontière entre les possessions françaises et anglaises.
Points
culminants
du
département
de
la
Vendée,
le
Mont
des
Alouettes
appartient
à
cette
chaîne
de
collines
armoricaines
qui longe le cours de la Sèvre nantaise.
Avec
ses
232
mètres
d'altitude,
il
fut
propice
à
l'établissement
de
moulins
et
servit
pendant
la
Guerre
de
Vendée
de
poste
d'observation aux Blancs.
Outre les bois et les forêts, les moulins à vent jouaient un rôle de tout premier plan dans la défense du pays.
C'est au XVIe siècle que le Mont des Alouettes se dote de moulins à vent.
On ne sait pas vraiment depuis quand les meuniers ont réussi, en France, à domestiquer l'énergie du vent.
Les
historiens
s'accordent
à
dire
que
ce
serait
au
début
du
deuxième
millénaire
de
notre
ère
et
que
les
croisades
n'y
seraient pas étrangères.
La
situation
privilégiée
du
Mont
des
Alouettes,
balayé
par
tous
les
vents,
incite
à
penser
qu'il
a
dû
y
avoir
des
moulins
à
son sommet dès le début de l'apparition de cette nouvelle technique de mouture.
Pendant
plusieurs
siècles,
des
générations
de
meuniers,
attentifs
aux
caprices
du
vent,
ont
drapé
ou
dé-drapé
les
ailes
de
leurs
moulins,
uniquement
à
la
saison
d'été,
car
l'hiver,
les
meuniers
déménageaient
dans
leur
moulin
à
eau,
en
contrebas,
là
où
les
ruisseaux,
grossis
par
les
pluies,
faisaient
tourner
à
un
rythme
régulier
les
roues
à
aubes
ou
à
godets
sur
la
Grande-Maine ou le Grand-Ry.
Ces
générations
de
meuniers,
on
pourrait
presque
dire
ces
dynasties,
car
ils
se
mariaient
entre
eux,
préservant
ainsi
leur
patrimoine et leur genre de vie, se sont ainsi succédées, jusqu'à l'arrivée du progrès.
Les moulins avaient leur nom de famille : les BREGEON, les SOULLARD, les FORTIN, les GAUCHER.
La première mention écrite qui en fait mention remonte en effet au 7 juillet 1564.
On
en
comptait
encore
huit
à
l'époque
de
la
Révolution
(cadastre
napoléonien
de
1839),
mais
ils
furent
incendiés
par
les
républicains lorsque ceux-ci envahirent la Vendée à la mi-octobre 1793.
Ces
destructions
visaient
à
affamer
les
populations
et
à
supprimer
ces
tours
dont
les
ailes
servaient
de
signaux
aux
insurgés
vendéens
grâce
à
un
code
relatif
à
la
position
de
leurs
ailes,
ce
qui
permettait
de
connaître
les
mouvements
des
troupes
républicaines.
Ces codes existaient déjà depuis très longtemps pour indiquer l'absence du maître du lieu, ou celle de la marchandise.
Mais
aux
Alouettes,
deux
moulins
seulement
sur
les
huit
transmettaient
les
signaux,
pendant
que
les
autres
continuaient
à
travailler.
Les
moulins
sauvés
des
flammes
révolutionnaires
se
sont
arrêtés
de
tourner
les
uns
après
les
autres
à
partir
de
1907,
au
fur
et
à
mesure
que
s'installaient
les
cylindres
sur
les
moulins
à
eau
du
Bignon,
de
Bertré,
ou
de
la
Chènelière
avec
lesquels
ils
étaient couplés.
Cette
nouvelle
technique
permettait
aux
moulins
à
eau
de
fonctionner
toute
l'année,
en
remédiant à la baisse de régime des rivières.
Ce fut la mort des moulins à vent.
Construits
sur
plus
d'un
siècle,
ces
moulins
seront
restaurés
après
les
conflits
puis
à
nouveau
détruits
faute
de
rendement au cours du grand siècle de l'industrialisation.
Vers
1910,
un
premier
moulin
détruit
à
la
dynamite
en
1910,
obligeant
la
municipalité
des
Herbiers
à
se
préoccuper du sort des restants, mais la guerre de 1914 vint contrecarrer les nobles ambitions.
Pendant ce temps, les moulins disparaissaient les uns après les autres.
Il
fallut
attendre
le
23
octobre
1933,
pour
que
le
Site
du
Mont
des
Alouettes
soit
é
et
le
27
mai
1975,
pour
que
les
moulins restants soient inscrits à "l'Inventaire Supplémentaire des Monuments Historiques".
Malheureusement, il n'en restait plus que trois !
En 1956, la commune des Herbiers finira par les acheter pour une somme symbolique.
En
1960,
le
portrait
de
Jean
YOLE,
sculpté
par
les
frères
MARTEL
est
apposé
sur
l'un
des
moulins,
marquant
ainsi
la volonté des élus de faire désormais de ce lieu une terre de mémoire et d'accueil.
Les huit moulins étaient :
(1) Le "Moulin de JOUSBERT de LANDREAU" connu sous le nom de moulin de la chapelle attesté en 1787.
Ce moulin n'existe plus, et on ignore tout de son histoire.
On en conserve cependant le souvenir parce que la chapelle des Alouettes qui commémore les Guerres de Vendée a été construite tout à côté.
Détruit à la révolution, ce moulin ne s'est jamais relevé de ses ruines.
(2) Le Moulin "Jacques BREGEON" ou "Ville des Herbiers".
Ce moulin existe encore et il fonctionne toujours l'été, pour les touristes.
On le reconnaît grâce à ses voiles déployées durant l'été.
On l'appelle communément moulin de la Galette, sans que l'on sache vraiment pourquoi.
On
peut
lire
encore,
à
l'intérieur,
la
date
de
1798,
qui
correspond
vraisemblablement
à
la
restauration
après
la
tourmente
révolutionnaire.
En 1910, le moulin est toujours propriété de Jacques BREGEON.
Cette
année-là
le
moulin
est
mis
au
quartier,
car
la
famille
Bregeon
installe
des
cylindres
au
moulin
à
eau
de
la
Chènelière,
avec lequel ce moulin des Alouettes était couplé.
Le moulin cesse donc de fonctionner et va petit à petit tomber en désuétude.
En
1933,
au
moment
où
le
site
du
Mont
des
Alouettes
est
é,
le
moulin
appartient
à
madame
la
Comtesse
de
BERMOND
d'AURIAC (7).
À partir de 1937, le moulin va retrouver une certaine vie.
Squatté, à la saison d'été, par Célestin AULNEAU, qui va s'installer comme guide aux moulins des Alouettes.
À la mort de la Comtesse, en 1946, le moulin devient la propriété du Syndicat Ecclésiastique de Luçon.
Le 27 juin 1952, la toiture du moulin prend feu.
En 1956, la commune des Herbiers achète le moulin et son emplacement au Syndicat.
Mais les lieux sont toujours occupés par le sieur AULNEAU qui refuse d'en partir.
Il
faudra
lui
faire
un
procès
pour
l'obliger
à
quitter
les
lieux,
procès
qui
ira
jusqu'à
Poitiers,
puisque
le
tribunal
de
La
Roche-
sur-Yon avait donné raison à AULNEAU.
En 1956, le moulin reçoit à nouveau une toiture en bardeaux avec des ailes.
En
1975,
le
moulin
est
protégé
au
titre
des
Monuments
Historiques
(Inscription
à
l'Inventaire
Supplémentaire
des
Monuments Historiques le 27 mai).
En 1988, le maire des Herbiers, Anselme BRlAND envisage de faire re-fonctionner le moulin.
Mais comme le diamètre du chapeau ne correspond pas à celui de la tour, le moulin ne pourra jamais fonctionner ainsi.
La
toiture
est
donc
vendue
à
la
Société
Puy
du
Fou
Innovation,
et
une
nouvelle
couverture
fonctionnelle
est
installée
en
1989.
Et le moulin va recommencer à tourner et à faire de la belle farine, mais cette fois pour les visiteurs.
(3) Le "Moulin JEAN YOLE".
En 1910, le moulin est la propriété d'Alphonse BREGEON.
En 1933, est le moment où le site du Mont des Alouettes est é.
À partir de 1937, il va être aussi squatté, à la saison d'été, par Célestin AULNEAU.
Il
construit
une
plate-forme
avec
un
escalier
dans
ce
moulin
qui
sera
ensuite
utilisé
comme
observatoire,
de1940
à
1944
par
un caporal et 4 soldats allemands.
En 1956, la commune des Herbiers achète le moulin et son emplacement au Syndicat
Ecclésiastique de Luçon.
Le moulin reçoit alors une toiture en bardeaux avec des ailes.
En
1975,
le
moulin
est
protégé
au
titre
des
Monuments
Historiques
(Inscription
à
l'Inventaire
Supplémentaire
des
Monuments Historiques le 27 mai).
En mai 2001, le moulin est à nouveau coiffé d'une toiture neuve avec des ailes.
Celles-ci peuvent tourner, mais le moulin ne pourra pas fonctionner car son toit est fixe.
Ce moulin, toujours en place, porte désormais le nom de moulin de Jean YOLE, depuis
1960,
date
à
laquelle
on
a
placé
sur
son
flanc
le
portrait
du
Docteur
Léopold
ROBERT,
écrivain
vendéen
mythique,
plus
connu sous le pseudonyme de Jean YOLE.
(4) Le "Moulin GAUCHER"
En 1839, on attribue la propriété à la famille Bregeon de Bertré.
En 1910, le moulin appartient maintenant à Louis GAUCHER meunier à Bertré, qui a épousé une fille de Louis BREGEON.
Ce moulin qui tournait dans le vent, derrière le restaurant actuel, s'arrêta de fonctionner en 1915.
Il n'existe plus aucune trace de ce moulin, hormis son emplacement.
(5) Le "Moulin SOULARD ou VILLENEUVE"
Ce moulin à seigle, qualifié de "masure de moulin" et appelé "Gros Moulin" sur un inventaire du 2 mai 1870, n'existe plus.
Ses ailes ont cessé de tourner en 1909.
Le terrain où il a été construit a été acheté le 28 février 1791.
En 1813, la famille VILLENEUVE commence à exploiter ce moulin.
En 1822, on trouve un François Villeneuve comme propriétaire.
En 1795, restauration du moulin suite à la tourmente révolutionnaire.
En 1860, le moulin est vendu sous forme de rente à Jean-Baptiste SOULLARD et aux époux GOURAUD.
En
1910,
le
moulin
est
détruit
à
la
dynamite
et
il
ne
faudra
pas
moins
de
18
mines
pour
renverser
ses
murs
épais
d'un
mètre
et demi.
Les pierres serviront de promontoire au calvaire tout proche.
(6) Le "Moulin des Herbiers (RONDEAU)"
Ce moulin à froment est un des derniers survivants sur le Mont des Alouettes.
Ses ailes ont cessé de tourner en 1909.
La couverture en bardeaux date de 1960.
En 1910, les archives municipales indiquent qu'il est la propriété de Hillaire BESSON.
En 1931, les frères RONDEAU, manufacturiers aux Herbiers en font l'acquisition.
En 1956, la commune des Herbiers achète le moulin Rondeau.
(7) Le "Moulin FORTIN héritier de BREGEON Joseph".
Ce moulin à seigle n'existe plus.
Ses ailes ont cessé de tourner en 1907.
Les pierres de cet ancien moulin ont participé elles aussi au socle sur lequel a été érigée la croix de granit en 1920.
(8) Le "Moulin BREGON Alcide"
Ce moulin à froment n'existe plus.
Ses ailes ont cessé de tourner en 1907.
Le premier propriétaire connu est un Pierre BREGEON qui vivait entre 1745 et 1794.
Depuis, il est toujours resté dans la même famille.
Le
dernier
meunier
à
avoir
fait
tourner
les
ailes
de
ce
moulin
est
un
Alcide
BREGEON,
qui
à
14
ans
monta
pour
la
première fois aux Alouettes en1892.
Il y restera une quinzaine d'années jusqu'en 1907.
Les pierres du moulin ont été données pour l'édification de la butte sur laquelle est érigée la croix de mission de 1920.
Aujourd'hui, on peut y voir trois moulins et une chapelle néo-gothique en granit de Mortagne.
Le
18
septembre
1823,
en
pèlerinage
avec
15.000
Vendéens
au
Mont
des
Alouettes
(haut
lieu
des
Guerres
de
Vendée)
et
pour
commémorer
le
sacrifice
des
soldats
vendéens
qui
se
sont
battus
pour
"Dieu
et
le
Roi",
la
Duchesse
d'Angoulême
/
Marie-Thérèse
de
France
(1778-1851)
fille
de
Louis
XVI
(1754-1793),
décida
et
financera
la
construction
d'une
chapelle
en ce lieu afin de perpétuer le souvenir d'une époque à jamais mémorable : les Guerres de Vendée.
La
première
pierre
fut
posée
solennellement
le
18
septembre
1825
par
la
Vicomtesse
de
CURZAY
(1843-1921),
chargée
par
procuration
par
Son
Altesse
Royale
Madame
la
Dauphine
et
bénie
par
Monseigneur
René-François
Soyer
(1767-
1845),
évêque
de
Luçon,
en
présence
des
généraux
Charles
Sapinaud
de
La
Rairie
(1760-1829)
et
Auguste
du
Vergier
de
La Rochejacquelein (1784-1868).
À
partir
de
plans
établis
par
M.
MACQUET,
architecte
parisien,
les
sieurs
ROBERT
et
DUNY,
entrepreneurs,
commencèrent les travaux.
Le
5
juillet
1828,
la
Duchesse
de
Berry
(1798-1870),
belle-fille
de
Charles
X
(1757-1836),
vint
visiter
le
chantier
et
se
recueillir dans la chapelle et décora sur le Mont des Alouettes de nombreux soldats vendéens.
En
1830,
avec
la
monarchie
de
Juillet
très
hostile
aux
Vendéens,
les
travaux
s'arrêtent
avec
la
chute
de
Charles
X
et
par
manque d'argent.
Seul le gros œuvre est réalisé.
En
1839,
le
Préfet
de
la
Vendée
envisage
la
démolition
du
monument
qui
ne
devra
son
salut
qu'à
l'habileté
du
Juge
de
Paix de Mortagne, lequel fit remarquer que la démolition coûterait plus cher que la récupération des matériaux.
La chapelle va donc rester à l'abandon, ouverte à tous les vents, pendant plus de 130 ans.
Le Comte de BERMOND (1855-1928), maire des Herbiers, s'en rend acquéreur le 21 juin 1922.
À
la
mort
de
la
Comtesse
Antoinette
de
BERMOND
le
1er
août
1945,
la
chapelle
revient
au
principal
héritier,
le
diocèse
de Luçon.
En
1962,
Monseigneur
CAZAUX
(1897-1975),
évêque
de
Luçon,
charge
le
Souvenir
Vendéen
de
restaurer
et
d'achever
la
chapelle.
Et
c'est
avec
la
silhouette
que
nous
lui
connaissons
aujourd'hui
que
la
chapelle,
enfin
terminée,
sera
bénie
le
28
avril
1968, par Monseigneur PATY (1916-2004), évêque de Luçon.
Bâti
dans
le
néogothique,
c'est
un
édifice
très
sobre,
éclairé
par
des
vitraux
modernes
portant
armoiries
des
3
provinces
insurgées (la Bretagne, l'Anjou et de la Vendée au centre).
Les
vitraux
sont
l'œuvre
de
Gabriel
Loire,
le
maître
verrier
qui
les
créa
de
1964
à
1967
pour
cette
chapelle
fantôme
dominant le bocage vendéen.
L'architecture est minimaliste, de couleur uniformément grise.
Le bâtiment est construit pour être favorable au recueillement, à la paix et au pardon.
Deux portes impressionnantes et imposantes ornent le bâtiment de chaque côté.
La
toiture
primitive,
pour
laquelle
il
avait
fallu
90.000
tuiles
"écaille"
et
10
kg
500
de
clous
pour
les
fixer,
étant
trop
exposée au vent, n'a pas tenu.
En 1931, on placera une toiture plus légère, en zinc, avec la même inclinaison de charpente.
En
1963,
on
remplacera
la
couverture
en
zinc
par
une
couverture
en
cuivre
rouge,
plus
légère,
ce
qui
va
permettre
de
relever la charpente presque jusqu'en haut du pinacle.
La chapelle présentera ainsi des proportions plus harmonieuses.
L'autel,
lui,
sera
consacré
le
12
juillet
1968
par
le
chanoine
Marcel
RETAILLEAU,
vicaire
général,
délégué
par
l'évêque
de
Luçon.
Le portail à deux ventaux est surmonté d'un linteau de' granit avec l'inscription : "1793 - LA VENDEE FIDELE".
Le
23
août
1973,
un
orage
violent
s'abattit
sur
le
Mont
des
Alouettes,
et
la
foudre
tomba
sur
la
chapelle
occasionnant
quelques dégâts, en particulier avec la chute de la croix métallique qui a dû attirer la foudre.
Le
30
septembre
1975,
a
eu
lieu
une
cérémonie
civile,
après
réparation
des
dégâts
et
repose
d'une
croix
de
granit,
aux
frais du Souvenir Vendéen.
En
1920,
pour
la
clôture
d'une
mission,
on
érigea
un
calvaire
près
de
la
route,
sur
un
socle
établi
avec
les
débris
de
plusieurs moulins.
Édifiée grâce aux dons de la fille de Louis XVI en 1823, elle fut finalement terminée qu'en 1968.
Cette
chapelle,
qui
est
le
deuxième
lieu
le
plus
visité
du
canton
des
Herbiers
après
le
Puy
du
Fou,
concentre
à
elle
seule
tout ce que la Vendée représente : l'audace, la tradition, l'espoir, l'Histoire.
En 1993, une croix en l'honneur de Louis XVI sera érigée, 200 ans après sa mort, près de la chapelle.
Une terre où vit "Un Peuple de Géants", a dit Napoléon.
Elle est une petite partie de cette "Douce France" où l'on aime se ressourcer.