C'est par un soir de fin d'hiver, à la veille de nos fiançailles. Que je partis avec mes frères et me jetai dans la bataille. Mon coeur saignait de te quitter, mais secrète fut ma douleur. Je jouai le brave et je laissai de tes doux yeux couler mes pleurs. Depuis 10 mois que je combats dans la pluie, le vent, la froidure. A chaque instant je pense à toi dans cet enfer qui dure, dure... Et je te couvre en ma prière chaque soir de mes plus doux mots. Et je presse le scapulaire que tu cousis sur mon paletot. Lorsque la nuit se fait trop noire, lorsque j'entends au loin les loups Lorsque me prend le désespoir, que mon front tombe sur mes genoux Je te contemple Bien-Aimée, tirant le fil de coton rouge Et donner forme au Coeur Sacré mouillé des larmes de tes joues. Entre tes doigts qui vont et viennent, traversant l'étoffe de lin Renaît autant qu'il m'en souvienne ta douce voix de séraphin. Je me repais de tes "Je t'aime" dont j'ai tant besoin maintenant... Ton scapulaire est mon emblême, il est Victoire des amants. Mais il faut qu'enfin je te dise, hier matin dans le hallier. Soudain rougissant ma chemise, un coup de feu m'a terrassé. Et je t'écris de ma litière où j'ai reçu les Sacrements La balle troua mon scapulaire à tes pleurs j'ai mêlé mon sang. J'ai ton amour comme viatique, ton scapulaire comme oriflamme, J'ai tes plaintes comme cantiques, Dieu que je t'aime à fendre l'âme... Dieu Que je t'aime à fendre l'âme !