Le
soulèvement
de
mars
1793
ouvre
pour
la
Vendée
une
période
troublée
qui
ne
s'achève vraiment qu'au 15 juillet 1801.
A
cette
date,
le
Concordat
signé
entre
Rome
et
le
gouvernement
de
Napoléon
Bonaparte restaure officiellement en France la liberté religieuse.
On
peut
alors
considérer
que
la
Vendée
a
obtenu
l'essentiel
de
ce
qu'elle
réclamait et qu'elle n'aspire plus qu'à la paix.
Plus
tard
vinrent
les
soulèvements
de
1815
et
1832,
que
le
Vendéen
d'aujourd'hui serait bien injuste d'oublier.
Mais rien dans la région n'a jamais égalé la "Grande Guerre" de 1793.
Au
mois
de
mars
1793,
la
conscription
et
les
excès
de
la
Révolution
ne
dressent
pas qu'une région contre le gouvernement en place.
Les
DEUX
TIERS
des
départements
français
échappent
à
son
contrôle,
de
la
Normandie au Berry, de la Gironde au Massif central.
Partout
cependant,
même
en
Bretagne
où
fleurira
un
peu
plus
tard
la
chouannerie,
les
troupes
républicaines
parviennent
à
reprendre
la
situation
en
main.
Partout,
sauf
dans
un
pays
du
sud
de
la
Loire,
où
l'absence
de
concentration
de
troupes,
coup
de
pouce
du
destin
incontestablement,
va
permettre
aux
"rebelles" de créer une poche de résistance durable.
Les succès de l'insurrection (mars-juin 1793) se dérouleront en 4 phases.
1ère phase
L'annonce
de
la
circonscription,
dans
les
premiers
jours
de
mars,
provoque
aussitôt des émeutes.
Le dimanche 3 mars, agitation dans les cafés à Cholet.
Les jeunes protestent contre le tirage au sort.
Le
lendemain,
la
Garde
nationale
tire
sur
les
manifestants
en
grande
partie
venus des paroisses voisines : 3 morts, 7 blessés.
Dans la semaine qui suit, les insoumis s'agitent et parcourent les paroisses.
Du
4
au
12
mars,
de
nombreuses
paroisses
du
Pays
de
Retz,
du
Clissonnais,
du
Marais, du Bocage et des Mauges s'insurgent.
Les émeutiers remportent leurs premiers succès.
Machecoul
tombe
entre
leurs
mains
le
11
mars,
tandis
que
le
12
mars,
à
Saint-
Florent-Le-Vieil,
les
conscrits
qui
refusent
le
tirage
au
sort
mettent
en
fuite
les
gardes nationaux.
Dans
la
foulée,
des
vengeances
sont
exercées
contre
les
éléments
républicains
de
la
population,
en
particulier
les
"intrus",
dont
un
certain
nombre
prend
la
fuite.
2ème phase
Les
insurgés
prennent
conscience
qu'ils
se
sont
mis
hors-la-loi
et
que
les
autorités vont réagir.
Ils
se
rassemblent,
se
donnent
des
chefs
et
attaquent
les
gros
bourgs
mal
défendus.
A
l'issue
de
cette
phase,
ils
sont
maîtres
au
moins
des
Mauges
et
du
Bocage
et
40 000 hommes seraient sous les armes.
Le
13
mars,
le
voiturier
Jacques
Cathelineau
prend
la
tête
des
insurgés
du
Pin-
en-Mauges.
Rejoint
par
les
paysans
des
environs,
il
s'empare
de
Jallais
et
Chemillé.
Ceux
d'Yzernais et Maulévrier, conduits par Stofflet, prennent Vezins.
Conduits
par
les
Sapinaud,
les
gars
de
la
Gaubretière,
La
Verrie,
Beaurepaire,
Saint-Aubin-des-Ormeaux,
Saint-Martin-des-Tilleuls,
Chambretaud,
Bazoges-
en-Paillers
et
les
Landes-Genusson
prennent
les
Herbiers,
pendant
que
ceux
de
la
Guyonnière,
la
Boissière
de
Montaigu,
Treize-Septiers,
Tiffauges
et
la
Bruffière s'emparent de Montaigu.
Les
environs
de
la
Roche-sur-Yon
se
soulèvent
à
leur
tour,
tandis
que
Challans
tombe entre les mains des royalistes.
Le 14 mars, Cathelineau et Stoftlet font leur jonction.
15 à 18 000 hommes marchent sur Cholet.
La première bataille de Cholet se termine par la victoire des Vendéens.
D'Elbée
et
Bonchamps
prennent
respectivement
la
tête
des
insurgés
de
Beaupréau et des bords de Loire.
Les
paroisses
voisines
de
la
Garnache
viennent
chercher
Charette
pour
le
placer
à leur tête.
Le 15 mars, Sapinaud prend Clisson.
Le
16
mars,
les
Vendéens
venus
de
Cholet
battent
les
gardes
nationaux
de
Saumur à Coron.
Vihiers tombe.
Le
19
mars,
à
Saint-Vincent-Sterlanges,
au
village
de
la
Guérinière,
l'armée
du
Centre
(c'est-à-
dire
l'armée
du
Bocage,
située
entre
la
Vendée
angevine
et
le
Marais,
commandée
par
Charles
de
Royrand,
Sapinaud,
Aimé
de
Vaugiraud,
Gabriel
de
Baudry
d'Asson),
constituée
les
jours
précédents,
bat
le
général
Marcet,
commandant
de
l'armée
des
côtes
de
la
Rochelle,
qui
tentait
de
gagner
Nantes.
Le même jour, Guerry de la Fortinière prend Noirmoutier.
Le
22
mars,
Cathelineau,
Stofflet,
Bonchamps,
d'Elbée
qui
ont
fait
leur
jonction
à
Chemillé
et
forment
l'armée
d'Anjou,
attaquent
Chalonnes-sur-Loire.
La
ville
tombe. Par contre, les 24 et 27, Joly échoue contre les Sables d'Olonne.
Les 23 et 27, Pornic est prise et reprise par Charette.
3ème phase
Les Républicains essayent de reprendre en main la situation.
Un plan est élaboré à Paris le 23 mars 1793.
Trois
armées
partant
de
Fontenay-le-Comte,
Nantes
et
Angers
doivent
prendre
la Vendée en tenaille.
S'il
se
traduit
par
quelques
succès
dans
le
Marais,
ce
plan
échoue
en
Anjou
suite
aux
initiatives
malheureuses
d'officiers
incapables,
aux
divisions
des
généraux
qui
ne
s'entendent
pas,
souvent
à
la
fois
sur
le
plan
stratégique
et
politique,
et
à
la
mauvaise
qualité
des
troupes,
où
l'on
trouve
à
la
fois
des
révolutionnaires
sincères et des aventuriers attirés par la solde.
Tous
sont
inexpérimentés,
le
plus
grand
nombre
est
indiscipliné
;
les
plus
braillards
sont
trop
sûrs
d'eux,
beaucoup
sont
démoralisés
et
mal
à
leur
aise
face à un ennemi dont les premiers succès les déconcertent.
Sans
chauvinisme
excessif,
n'ayons
pas
honte
de
dire
que
la
vaillance
des
Vendéens
y
joue
pour
beaucoup
tout
aussi
inexpérimentés
mais
convaincus,
motivés,
excités
même
car
on
n'est
encore
que
dans
les
premiers
jours
de
la
guerre, ils valent mieux en ces circonstances que les troupes adverses.
Pourtant, il s'en fallut de peu qu'ils ne soient écrasés.
En
Anjou,
malgré
la
victoire
de
d'Elbée
au
"grand
choc
de
Chemillé"
(le
11
avril),
tous
les
chefs
angevins,
Cathelineau,
d'Elbée,
Bonchamps,
Stofflet,
doivent
se
replier sur Mortagne.
C'est
un
nouveau
venu
qui
va
les
sauver
:
Henri
de
La
Rochejaquelein,
20
ans,
fils
d'un
seigneur
de
Saint-Aubin-de-Baubigné,
prend
la
tête
des
paysans
des
Deux-Sèvres,
qui
se
révoltent
à
ce
moment-là,
de
Mauléon
(à
l'époque
Châtillon) à Argenton-Château.
Il
bat
aux
Aubiers
le
général
Quétineau,
imprudemment
aventuré
dans
les
environs (13 avril).
Ce
succès,
la
prise
de
munitions
et
de
canons,
conjugués
aux
innombrables
fautes
stratégiques
du
commandement
républicain,
permet
à
l'armée
d'Anjou
et
du
Haut-Poitou
(Deux-Sèvres)
de
bousculer
les
Bleus
au
Bois-Grollau
à
Cholet
(20
avril),
à
Beaupréau
(22
avril)
et
de
les
chasser
presque
complètement
des
Mauges.
Le
2
mai,
la
prise
de
Bressuire
permet
de
desserrer
l'étau
au
sud,
de
s'emparer
de
vivres
et
de
munitions,
et
de
délivrer
trois
prisonniers
qui
vont
devenir
les
principaux
chefs
de
l'insurrection
dans
les
Deux-Sèvres
:
Lescure,
Marigny,
Donnissan.
Par
contre,
dans
le
Marais,
le
général
bleu
Boulard,
un
modéré,
prudent
et
humain,
a
réussi
à
remporter
des
succès
qui
empêchent
Charette
de
contrôler
le
pays et sauvent Nantes, Les Sables et Fontenay.
C'est
ce
qui
fait
que
la
partie
maritime
de
la
Vendée
militaire
ne
sera
jamais
complètement
contrôlée
par
les
Blancs,
contrairement
aux
Mauges
et
à
une
partie du Haut-Bocage.
Cela rend difficile d'éventuels contacts avec l'Angleterre.
4ème phase
La conquête des territoires périphériques.
Le
mois
de
mai
voit
la
mise
en
place
d'une
structure
militaire,
la
Grande
Armée
Catholique
et
royale,
dont
la
paroisse
forme
la
base
et
dont
l'état-major
siège
à
Cholet.
Elle
comprend
en
fait
trois
armées
autonomes,
l'armée
d'Anjou
et
du
Haut-
Poitou,
l'armée
du
Centre
(Haut-Bocage),
l'armée
du
Marais
(dont
Charette
est
le
principal
chef),
cette
dernière
combattant
de
son
côté
sans
trop
s'occuper
des
autres.
Cathelineau
est
élu
général
en
chef
de
la
Grande
Armée
à
Saumur
le
9
juin
1793
(son autorité s'étend en fait principalement sur l'armée d'Anjou).
Un
Conseil
supérieur
installé
à
Châtillon-sur-Sèvre
représente
le
pouvoir
civil,
bat
monnaie,
nomme
les
capitaines
de
paroisse
et
administre
le
pays
au
nom
du
Roi Louis XVII, fils de Louis XVI, emprisonné au Temple.
Se pose alors la question de la stratégie à adopter.
Si
le
soldat
vendéen
de
base
ne
pense
qu'à
défendre
son
foyer
et
rentré
chez
lui
"changer
de
chemise"
sitôt
le
combat
terminé,
les
généraux
songent
à
un
plan
à
plus long terme.
Celui-ci n'existera jamais faute d'accord entre les chefs.
Plusieurs possibilités.
Attaquer
vers
le
sud
et
l'est
pour
soulever
les
populations
du
Poitou
et
du
Berry
réputées favorables à la Contre-révolution.
- Marcher sur Paris à travers la Beauce.
- S'emparer d'un port pour y recevoir des secours de l'Angleterre.
-
Passer
la
Loire
et
tendre
la
main
aux
quelques
rebelles
bretons
(plan
de
Bonchamps).
Les Vendéens ne sauront pas choisir.
Les
circonstances,
en
fonction
des
concentrations
d'armées
républicaines
et
des
urgences
vont
rendre,
sinon
possible,
du
moins
envisageable
chacune de ces solutions.
Les villes situées autour de la Vendée militaire vont tomber les unes après les autres, tantôt au sud, tantôt au nord.
Faute de discipline, aucune ne restera occupée plus de trois ou quatre jours.
Le 05 mai : Prise de Thouars.
Le 10 mai : Prise de Parthenay.
Le 25 mai : Prise de Fontenay le comte, après un premier échec le 16.
Le 09 juin : Prise de Saumur par 30.000 Vendéens.
Le 18 juin : Prise d'Angers.
A ce moment, Charette, qui a repris Machecoul à l'ennemi, propose d'attaquer Nantes.
C'était l'occasion d'appliquer le plan de Bonchamps et de réunir toutes les armées vendéennes.
Les Vendéens attaquent Nantes le 29 juin 1793.
Ils
auraient
peut-être
triomphé
de
la
résistance
acharnée
des
Nantais
si
Cathelineau
n'avait
été
mortellement
blessé
en
débouchant
sur
la
place
Viarmes.
Ses troupes paniquées se débandent.
Après cet échec, les Vendéens perdent toute initiative et toute chance de victoire militaire sur la Révolution.