Les navires de l’Âge Viking résultent de 6000 ans d’évolution technique.
Au
Néolithique,
les
habitants
des
côtes
danoises
construisaient
des
pirogues
(les
plus
anciennes
datent d’environ 5 000 ans avant notre ère) dans un bois souple et résistant pour aller pêcher.
Utilisant
des
outils
de
silex,
ils
sculptaient
des
grumes
de
tilleul,
bois
tendre
et
résistant,
jusqu’à
obtenir une épaisseur régulière de 2 centimètres.
Ces
pirogues
"monoxyles",
dont
la
longueur
atteignait
10
mètres,
s’aventuraient
apparemment
en
mer, à la pagaie, pour la pêche à la morue, à la baleine, ainsi que pour de petites expéditions.
Certaines servirent de sépulture.
Puis,
environ
3000
ans
avant
notre
ère,
ils
commencèrent
à
creuser
une
rangée
de
trous,
le
long
du
bord supérieur de leurs pirogues.
À
l’aide
de
cordes
en
fibres
végétales,
ils
fixèrent
dans
la
partie
haute
des
flancs
de
la
pirogue
le
bord inférieur d’une planche.
Ces planches supplémentaires augmentaient la navigabilité en surélevant le franc-bord.
Ainsi naquit la technique du bordé à clin, caractéristique de l’Europe du Nord.
Les navires scandinaves évoluèrent au cours de l’Âge du Bronze (2000 à 500 ans avant J.-C.).
Mais les bateaux ne sont pas encore en mesure d’affronter la haute mer.
Il
fallut
attendre
la
période
précédant
l’Âge
Vikings
(793
-
1066)
pour
que
les
charpentiers
nordiques
finissent
par
créer
des
bateaux
aux
proportions
et
aux
propriétés
poussées
à
l’extrême
avec
un
rapport
longueur
sur
largeur
supérieur
à
six
pour
un
(voire
11,4
pour
un
dans
le
cas
du
langskip d’Hedeby), en leur ajoutant de grands mâts et de puissantes quilles.
Les charpentiers vikings visaient essentiellement la vitesse.
Ils
réduisaient
l’épaisseur
des
bordages
à
deux
centimètres
seulement
et
éliminaient
tout
bois
superflu des membrures.
Le bateau viking possédait une coque souple, à clins, qui suivait les vagues comme un être vivant.
On
comptait
une
douzaine
de
chênes
pour
un
navire
de
guerre
de
bonne
taille
(ou
de
sapins,
surtout
dans le nord).
Au
large,
les
Vikings
naviguaient
le
plus
souvent
à
la
voile,
mais
se
servaient
des
avirons
près
des
côtes et pour remonter les cours d’eau à l’intérieur des terres.
Les
dimensions
et
les
matériaux
pouvaient
varier
en
fonction
du
lieu
de
construction,
des
mers
où
ils
naviguaient
et
des
tâches
pour
lesquelles
les
différents
modèles
de
bateaux
et
navires
ont
été
développés : transport de marchandises, déplacements, servitude, guerre…
En
787
après
J.-C.,
trois
bateaux
vikings,
ou
drakkars
(nom
donné
usuellement
au
snekkja,
bateau
léger, non ponté), abordèrent au sud de l’Angleterre.
Ses
occupants
combattirent
la
population
locale,
débutant
un
conflit
avec
l’Angleterre
qui
durerait
pendant des centaines d’années.
Les
Vikings
(ou
Normands)
étaient
de
grands
navigateurs
et,
dès
le
9ème
siècle,
ils
avaient
mis
au
point
des
navires
faciles
à
manœuvrer,
tenant
bien
la
mer
au
cours
des
tempêtes,
connus
sous
le
nom de drakkars.
Le Drakkar était un compromis entre les bateaux à Voile et les bateaux à rames.
Leur légèreté leur permettait de rebondir sur les vagues.
ls
étaient
rapides
et
leur
tirant
d’eau
était
si
faible
(90
cm)
que
les
équipages
pouvaient
s’approcher
de
n’importe
quel
point
de
la
côte
et
tirer
leurs
navires
à
terre,
s’assurant
ainsi
que
l’élément
de
surprise jouerait en leur faveur.
Les
navires
de
guerre
vikings
avaient
une
proue
élevée,
à
la
courbe
caractéristique
qui
est
devenue
le symbole des expéditions vikings.
La poupe et la proue étaient ornées de figures fantastiques.
La figure de proue avait un rôle magique.
Les
Vikings
croyaient
aux
génies
des
lieux,
des
créatures
surnaturelles
régnant
sur
un
territoire,
un
fleuve, un rivage.
Les meilleurs bateaux étaient comparés à des dragons, des oiseaux et des serpents de mer.
Leurs
dragons
avaient
pour
fonction
d’effrayer
les
esprits
et
d’impressionner
les
populations
locales.
Leur gréement se composait d’une voile carrée et ils étaient de surcroît équipés de rames.
La
combinaison
de
voiles
et
de
rames
leur
donnait
une
grande
adaptabilité,
pour
des
raids
fluviaux,
comme pour de lointaines expéditions sur les océans.
Cette combinaison était le secret du navire Viking.
Un
Drakkar
mesurait
23,3
m
de
long
pour
5,25
m
de
hauteur,
pour
un
poids
de
9
tonnes
avec
un
mât de 10 à 13 m de haut.
Ils
pouvaient
transporter
un
équipage
allant
de
40
à
100
hommes
et
naviguer
à
une
vitesse
maximale de 12 nœuds (22 km/h).
Des tentes étaient parfois dressées pour se protéger de la pluie, mais le confort s’arrêtait là.
Aucune protection contre le froid, la pluie ou les embruns.
Les
boucliers
de
l’équipage
de
marins-guerriers
fixés
sur
les
plats-bords
permettaient
une
protection minimum contre les paquets de mer.
Les
navires
marchands,
de
taille
et
de
forme
variables
(le
Knarr),
mais
tout
aussi
aptes
à
la
navigation,
étaient
utilisés
pour
commercer
avec
les
pays
lointains
et
pour
transporter
les
émigrants
en
partance
vers
le
pays
de
leur
choix,
mais
aussi
pour
rapporter
le
butin
amassé
au
cours
des
expéditions lointaines.
Les
navires
de
guerre
vikings
étaient
souvent
nommés
par
le
nombre
de
rames
ou
de
bancs
de
rameurs.
Sexoeringr : 6 rames.
Tólfoeringr : 12 rames.
Fimtánsessa : 15 bancs de rameurs.
Tvitogsessa : 20 bancs de rameurs.
Le temps des Vikings aura duré près de trois siècles.
Débutant
en
793
par
le
sac
du
monastère
de
Lindisfarne,
il
s’achèvera
en
1066
quand
Harald
Sigurdarson sera battu devant York.
Cependant,
le
mot
"drakkar"
n’existe
dans
aucune
langue
scandinave,
même
si
le
Suédois
connaît
drakar, pluriel de drake : "dragon".
Même
si
de
nombreuses
histoires
ont
été
transmises
à
travers
les
âges,
très
peu
de
drakkars
vikings
ont été découverts à ce jour.
Sans
le
bateau
viking,
l’ascension
des
Vikings
ne
serait
jamais
arrivée
et
leur
style
de
guerre,
né
de
leur aptitude à rapidement se propager, n’aurait été qu’un coup d’épée dans l’eau.
Les
Vikings
étaient
certainement
les
marins
les
plus
habiles
de
l’époque,
navigant
aux
quatre
coins
du
monde
et
atteignant
des
contrées
aussi
lointaines
que
l’Amérique,
à
l’ouest,
et
l’Asie
Mineure,
à
l’est.