Comme
nous
le
savons,
l'expédition
de
"La
Pérouse"
a
demandé
5
mois
de
préparation
tant
pour
le
manifeste
de
bord,
mais
également
pour
les
embarcations.
Le
manuscrit
original,
daté
du
26
juin
1785,
est
remis
au
roi
après
avoir
été
relié
pleine
peau
avec
dorures
"à
la
dentelle"
et
décoration
aux
armes
et
au
chiffre
de
Louis XVI.
Deux copies du manuscrit sont également réalisées.
La
première
est
remise
au
maréchal
de
Castries
(1727-1801)
ministre
de
la
Marine.
La
seconde
est
destinée
au
chef
de
l'expédition
et
elle
disparaîtra
dans
le
naufrage de La Boussole.
L'expédition
de
La
Pérouse
est
l'aboutissement
de
plusieurs
siècles
d'efforts
de la France.
Mais revenons aux navires...
Depuis
Jean-Baptiste
Colbert
(1619-1683),
au
17ème
siècle,
on
cherche
à
se
donner les moyens de rivaliser avec les flottes anglaise et hollandaise.
La
construction
d'un
navire
met
en
jeu
des
savoir-faire
complexes
c'est
pourquoi
Colbert
décide
de
rationaliser
l'art
de
construire
des
navires,
mais
utilise
également
l'espionnage
pour
récupérer
les
secrets
de
construction
des
flottes anglaise et hollandaise...
Il y a trois chantiers navals ou arsenaux qui sont désignés en France :
Toulon sur la Méditerranée, Brest et Rochefort sur l'océan Atlantique.
La
Pérouse
connaît
bien
les
inconvénients
des
navires
choisis
lors
des
voyages
précédents
et
il
écarte
immédiatement
les
vaisseaux
et
frégates
qu'il
juge totalement impropres à un voyage d'exploration.
En
accord
avec
Charles-Pierre
Claret,
comte
de
Fleureu
(1738-1810),
il
opte
pour
des
flûtes
ou
des
gabares
qui,
à
dimensions
égales,
ont
un
volume
de
cale plus important que celui d'une frégate.
Les
cales
de
9m
de
large
permettaient
de
stocker
vivres
et
matériel
à
échanger avec les insulaires.
Ces
gabares
devaient
être
récentes
et
que
leur
poids
devait
être
compris
entre 500 et 600 tonneaux.
Le
6
mars
1785,
le
maréchal
de
Castries
(1727
–
1801),
ministre
de
la
Marine,
désigne
la
flûte
"Le
Portefaix"
du
port
de
Rochefort
et,
trois
jours
plus
tard,
la
gabare "L'Utile", comme navires de l'expédition.
Le
"Portefaix"
qui
deviendra
la
"Boussole"
est
une
gabare
de
550
tonneaux
construite
à
Bayonne
en
1781-1782
sur
les
plans
de
l'ingénieur
Jean-Joseph
Ginoux (1723-1785).
Lancée
en
mai
1783
a
déjà
navigué
et
il
s'est
échoué
deux
fois
sans
grands
dommages.
Le
devis
de
retour
de
campagne
montre
que
les
réparations
à
effectuer
sont
de
peu d'importance.
Les
archives
de
Rochefort
nous
apprennent
que
Le
Portefaix
était
armé
de
quatre canons de 6 livres.
Sa
longueur
de
coque
était
de
41,27
mètres,
et
sa
largeur
maximale
de
8,77
mètres.
Cette
embarcation
possédait
un
entrepont
sous
le
pont
de
la
batterie,
ce
qui
permettait
de
la
doter
d'emménagements
assez
comparables
à
ceux
d'une
frégate.
Également
construite
à
Bayonne,
la
gabare
"L'Utile",
de
350
tonneaux,
a
été
lancée en avril 1784.
Sa coque mesure 36,40 mètres de long sur 8,77 mètres.
Aussi
large
que
Le
Portefaix,
L'Utile
est
moins
longue
et
sa
vitesse
est
probablement moindre.
Le plus gênant est qu'elle n'a pas d'entrepont.
Pour
les
besoins
de
l'expédition,
les
gabares
subiront
un
bon
nombre
de
transformations.
Sur
l'Utile,
le
placement
d'un
entrepont,
apportera
encore
une
différence
à
son
tirant d'eau, mais aussi réduira l'espace de chargement.
Plus
grave
encore,
avec
l'augmentation
du
tirant
d'eau,
il
devient
dangereux
d'ouvrir
les
hublots
indispensables
pour
ventiler
l'entrepont,
car
ils
seraient
trop proches de la flottaison.
Le
3
avril
1785,
le
comte
de
Latouche-Tréville
(1745-1804),
commandant
de
la
marine
à
Rochefort
en
informe
et
deux
jours
plus
tard,
les
travaux
sur
"L'Utile"
seront définitivement arrêtés.
Elle sera remplacée par "L'Autruche", du port de Brest.
Gabare,
construite
au
Havre
en
1781
également
par
Jean-Joseph
Ginoux,
elle
est identique au Portefaix.
Elle
a
été
mise
sur
cale
au
Havre
en
juin
1781
et
lancée
en
février
de
l'année
suivante.
Comme
les
deux
navires
sont
rigoureusement
les
mêmes,
on
pourra
optimiser
les
travaux
en
les
équipant
de
la
même
manière
en
réalisant
des
opérations rapides et peu coûteuses.
Pendant
que
Fleuriot
de
Langle
supervise
les
travaux
de
L'Autruche,
"La
Pérouse" prend en charge ceux du Portefaix.
Les travaux principaux seront :
Artillerie
portée
à
douze
canons
de
6
livres,
ce
qui
oblige
à
percer
quatre
sabords supplémentaires sur chaque bord.
Initialement
prévu
pour
4
officiers,
l'aménagement
des
quartiers
pour
les
officiers (9) et savants (10) (considérés comme officiers).
Les
deux
bâtiments
vont
recevoir
des
mâtures
semblables,
permettant
d'échanger, le cas échéant, leurs mâts et voiles de rechange.
La cuisine est un élément important.
Elle
ne
doit
pas
trop
encombrante
et
sa
consommation
en
bois
doit
être
raisonnable et ne doit pas provoquer un incendie à bord.
Les
cuisines
traditionnelles
(en
fer)
ne
donnent
pas
satisfaction
et
sont
trop
gourmandes en bois et les aliments sont soit cru ou complètement brûlés.
Fleuriot
de
Langle
termine
la
mise
au
point
d'une
cuisine
à
laquelle
il
a
fait
adapter une cucurbite, sorte d'alambic destiné à distiller l'eau de mer.
Donnant
entièrement
satisfaction,
on
installe
une
semblable
sur
La
Boussole,
de manière que les deux frégates aient des équipements semblables.
On
ajouta
aussi
un
moulin
à
vent
sur
le
"Portefaix",
afin
de
procurer
de
la
farine
fraîche à l'équipage.
Fin
mai,
les
deux
flûtes
sont
officiellement
appelées
frégates
pour
des
raisons
de
prestige.
Le
Portefaix
devient
"L'Astrolabe"
et
L'Autruche
"La
Boussole"
puis,
sans
qu'on
sache exactement pourquoi, une note du 26 juin inverse les deux noms.
Il
a
été
dit
que,
le
roi
Louis
XVI
ayant
confondu
les
deux
navires,
ses
subordonnés
avaient
entériné
l'erreur
puisque,
contrairement
au
commun
des mortels, le roi ne saurait se tromper !
La
Pérouse
embarqua
de
nombreux
animaux
vivants,
nourriture,
arbres
et
arbustes,
serres
portatives,
de
la
verroterie
à
échanger
avec
les
indigènes,
et
une grande quantité de matériel (haches, herminettes, couteaux...).
Chaque
navire
embarque
les
pièces
nécessaires
à
la
maintenance
et
à
la
réparation des bateaux, partis pour quatre ans.
Les
voies
d'eau
seront
calfatées
d'un
mélange
de
goudron
et
D'étoupe
par
les
charpentiers
et
les
calfats,
les
voiles
déchirées
seront
aussitôt
reprisées
par
les
maitres-voiliers,
les
pierriers
éventuellement
mis
en
batterie
par
les
canonniers...
Il
fit
nommer
à
la
tête
de
l'ASTROLABE
son
ami
FLEURIOT
de
LANGLE
et
lui
adjoint le Chevalier de MONTY (1753 – 1788).
La plupart des membres de l'équipage choisit par La Pérouse, étaient bretons.
Sur
l'Astrolabe,
commandé
par
La
Pérouse,
embarquent
10
officiers
qui
forment
l'état-major,
1
chirurgien
et
9
officiers
mariniers
et
pilotes
et
20
canonniers
et
fusiliers.
L'équipage
compte
encore
10
charpentiers
(chargés
des
pièces
en
bois),
des
calfats
(chargés
de
l'étanchéité
du
navire),
des
voiliers
(chargés
de
l'entretien
des voiles).
Le
reste
de
l'équipage
se
compose
de
gabiers,
timoniers
et
matelots,
de
7
domestiques et chef-coq, boulanger, boucher, tonnelier, forgeron....
Comte
d'Hector,
commandant
de
la
marine
à
Brest
présente
des
bateaux
sur
mesure et dit :..
"
J'ai personnellement supervisé l'aménagement des navires de l'expédition.
Nous
avons
choisi
des
bâtiments
de
transport
solides,
spacieux,
à
fond
plat.
Les deux bateaux sont spécialement préparés pour cette longue expédition.
Les
mâts
sont
changés,
la
coque
est
renforcée
par
des
boulons
de
cuivre,
puis
ils sont calfatés et radoubés à neuf.
Enfin,
on
construit
les
chaloupes
d'exploration,
certaines
embarquées
en
pièces
détachées.
A
bord,
on
installe
les
cuisines,
on
équipe
les
logements,
puis
on
embarque
le
matériel
de
rechange,
les
vivres
pour
deux
ans,
l'équipement
scientifique
et
les
marchandises d'échange.
Fin juillet 1785 tout est prêt
."
Le 1er AOUT 1785, l'ASTROLABE et la BOUSSOLE levèrent l'ancre à BREST pour un long périple de 4 ans autour du monde.
L'ASTROLABE sombre en 1788 à VANIKORO, brisée sur des récifs une nuit de tempête à quelques encablures de la BOUSSOLE.