Dans
les
brunes
matinales
et
froides
de
novembre,
avec
mes
compagnons
de
travail,
il
fallait "aller dans les choux".
Je m'en souviens….
Nous
allions
par
les
chemins
creux
impraticables,
emportant
sur
notre
dos
les
"rotes"
(liens faits de branches) qui devaient servir à fagoter.
Avant
de
nous
enfoncer
dans
les
rangées
de
choux
pour
cueillir
les
feuilles,
nous
avions
pris soin d'entourer nos jambes de pailles pour les garder sèches et chaudes.
Un
lourd
et
épais
tablier,
un
sac
de
balle
soutenu
par
des
ficelles
nous
protégeait
aussi
de
l'humidité.
Et
puis
avant
"le
repas
de
l'après-midi",
l'un
d'entre
nous
retournait
à
la
ferme
chercher
la
charrette pour rentrer les fagots laissée au bout des sillons.
Accompagnés d'un morceau de lard, les choux consistent un mets encore très apprécié.
Pour devenir centenaire, il fallait, paraît-il, manger des choux !
On
raconte
qu'une
grande
famine
avait
sévi
vers
1680,
au
temps
de
Louis
XIV
(1638-1715),
à cause des pluies abondantes.
Le seigle avait germé, les moissons étaient perdues.
A Paris, 150.000 personnes mourraient de faim.
L'ouest de la France avait moins souffert.
En effet, notre région avait été épargnée grâce aux "choux vert" et aux navets.
Jacques Maupillier (garde)