Deux Coqs vivaient en paix ; une Poule survint. Et voilà la guerre allumée. Amour, tu perdis Troie ; et c'est de toi que vint. Cette querelle envenimée. Où du sang des Dieux même on vit le Xanthe teint. Longtemps entre nos Coqs le combat se maintint. Le bruit s'en répandit par tout le voisinage. La gent qui porte crête au spectacle accourut. Plus d'une Hélène au beau plumage. Fut le prix du vainqueur ; le vaincu disparut. Il alla se cacher au fond de sa retraite. Pleura sa gloire et ses amours. Ses amours qu'un rival tout fier de sa défaite. Possédait à ses yeux. Il voyait tous les jours. Cet objet rallumer sa haine et son courage. Il aiguisait son bec, battait l'air et ses flancs. Et s'exerçant contre les vents. S'armait d'une jalouse rage. Il n'en eut pas besoin. Son vainqueur sur les toits. S'alla percher, et chanter sa victoire. Un Vautour entendit sa voix. Adieu les amours et la gloire. Tout cet orgueil périt sous l'ongle du Vautour. Enfin par un fatal retour. Son rival autour de la Poule. S'en revint faire le coquet. Je laisse à penser quel caquet. Car il eut des femmes en foule. La Fortune se plaît à faire de ces coups. Tout vainqueur insolent à sa perte travaille. Défions-nous du sort, et prenons garde à nous. Après le gain d'une bataille. La Morale de la Fable. La fable "Les deux Coqs", de La Fontaine, est une réécriture de la Guerre de Troie. L'intrigue repose sur la bataille de deux coqs qui souhaitent séduire une poule. Cette guerre se termine sur la défaite de l'un des deux coqs. Le perdant veut affronter une nouvelle fois son rival mais ce dernier, étant allé crier victoire sur tous les toits, s'est fait enlever par un vautour. Il ne faut pas crier victoire trop vite car un retournement de situation est vite arrivé. On peut également y voir une dénonciation de la guerre qui commence souvent pour des vétilles (la poule) et peut se finir de façon imprévisible et disproportionnée (le vautour).