Dans
le
spectacle
le
"Dernier
Panache",
on
entend
"Las
Cases"
dire
que
Charrette
était
son
voisin
de
chambrée à l’école des gardes-marine !
Mais c'est quoi un "Gardes-Marine" ?
Cette expression nous semble si lointaine qu'elle mérite une petite explication.
L’institution
des
gardes-marines
a
joué
un
rôle
essentiel
dans
l’histoire
de
la
marine
française,
formant
des
générations
d’officiers
d’élite
qui
ont
contribué
à
la
puissance
et
à
la
renommée
de
la
flotte royale.
Ils ont aussi incarné les valeurs de discipline, d’honneur et de service de la noblesse française.
Les gardes-marines constituaient une institution militaire française établie au XVIIe siècle.
Les
racines
de
l’institution
des
gardes-marines
remontent
aux
corps
d’aspirants-officiers
de
la
marine française du XVIe siècle.
Cependant,
notons
qu’il
existait
d’autres
corps
militaires
en
France
pendant
la
même
période
qui
étaient similaires aux gardes-marines.
Par exemple, le régiment du Roi, fondé en 1663, était envisagé comme une pépinière d’officiers.
De plus, les "Gardes du Grand-Maître" étaient un autre corps militaire qui a existé de 1626 à 1669.
Ils étaient à l’origine des «Gardes de la Marine «qui ont existé jusqu’en 1786.
Il
est
important
de
noter
que
chaque
corps
militaire
avait
ses
propres
spécificités
en
termes
de
formation, de recrutement et de rôle dans l’armée française.
Mais,
c’est
sous
l’impulsion
du
ministre
Jean-Baptiste
Colbert
(1619-1683)
que
l’académie
navale
des gardes-marines est officiellement établie en 1670 et supprimée en 1786.
Celle-ci
avait
pour
mission
de
sélectionner
et
de
former
les
futurs
officiers
de
la
marine
royale,
principalement issus de la noblesse.
L’ordonnance de Colbert définit les modalités de recrutement et d’instruction des gardes-marines.
Le
recrutement
des
gardes-marines
suivait
des
critères
stricts,
fondés
principalement
sur
la
naissance et l’appartenance à la noblesse et l’aptitude au service naval.
Les
jeunes
hommes
aspirant
à
rejoindre
cette
institution
devaient
justifier
de
leur
ascendance
noble
et faire preuve de bonnes mœurs.
Les
gardes-marines
avaient
souvent
des
liens
étroits
avec
la
cour
royale,
ce
qui
pouvait
leur
donner
une certaine influence politique.
Après
une
sélection
rigoureuse,
les
aspirants
gardes-marines
entamaient
un
cursus
complet,
dispensé à l’Académie navale de Toulon ou de Rochefort (fondée en 1686).
La
formation
alliait
apprentissage
théorique
approfondi
et
entraînement
pratique,
préparant
les
élèves
aux
tâches
et
responsabilités
d’officier
de
marine
et
à
être
conscients
de
leur
devoir
envers
leur pays.
Pendant
cette
formation,
ils
y
recevaient
un
enseignement
intensif
sur
la
navigation,
la
stratégie
navale,
les
mathématiques,
les
sciences
maritimes,
l’artillerie
de
marine,
à
l’escrime
et
à
l’usage
des
armes à bord des navires de guerre, sans oublier les tâches d’entretien des navires.
La
vie
quotidienne
des
gardes-marines
était
réglée
avec
une
rigueur
militaire,
favorisant
la
discipline
et le respect de la hiérarchie.
La
tenue
vestimentaire,
l’hygiène
et
le
comportement
faisaient
également
l’objet
d’une
attention
toute particulière, les gardes-marines devant en permanence incarner les valeurs de l’institution.
Les gardes-marines jouaient un rôle crucial au sein de la marine royale française.
Leur
mission
principale
était
de
servir
en
tant
qu’officiers
sur
les
navires
de
guerre,
assurant
le
commandement, la direction des manœuvres navales et de la supervision de l’équipage.
Leur
entraînement
intensif
les
préparait
aussi
à
combattre
avec
agilité
et
précision,
que
ce
soit
lors
d’affrontements navals ou de débarquements sur les côtes ennemies.
Leur
maîtrise
des
techniques
de
combat
faisait
d’eux
des
officiers
redoutables
et
respectés
par
leurs
adversaires.
Leur
connaissance
experte
de
la
navigation
et
des
courants
marins
leur
donnait
un
atout
décisif
pour
manœuvrer avec agilité et surprise face à l’ennemi.
Ils
savaient
également
tirer
parti
de
la
configuration
des
côtes
et
des
ports,
déployant
des
tactiques
d’embuscade ou de blocus pour prendre le dessus sur leurs adversaires.
Leur
formation
poussée
leur
permettait
également
de
participer
à
des
expéditions
d’exploration
et
de cartographie, contribuant ainsi à l’expansion coloniale française.
Au-delà
de
leurs
responsabilités
à
bord,
les
gardes-marines
pouvaient
également
être
appelés
à
remplir des missions diplomatiques, à l’instar des émissaires de la Couronne.
Ils
représentaient
ainsi
la
puissance
de
la
marine
française
sur
la
scène
internationale,
participant
à
des négociations et à la conclusion d’accords commerciaux ou militaires.
Leur prestige et leur expertise en faisaient des acteurs clés de la politique extérieure du royaume.
Ils
ont
joué
un
rôle
essentiel
dans
l’expansion
coloniale
et
l’exploration
des
mers
par
la
France
du
XVIIe au XVIIIe siècles.
Ils
ont
ainsi
participé
à
de
nombreuses
campagnes
d’exploration
qui
ont
permis
de
cartographier
de
nouvelles régions du globe et d’établir de nouvelles routes commerciales pour le royaume.
Parmi
les
plus
célèbres
explorations
menées
par
les
gardes-marines,
on
peut
citer
les
voyages
de
découverte de François de Galaup, comte de La Pérouse (1741-1788), dans le Pacifique nord.
Grâce
à
leurs
compétences,
ces
officiers
ont
pu
relever
avec
précision
les
côtes,
dresser
des
cartes
maritimes détaillées et rapporter de précieuses informations sur les terres et les peuples rencontrés.
Leurs
récits
de
voyage
ont
grandement
contribué
à
la
connaissance
du
monde
par
les
Français
de
l’époque.
Les
gardes-marines
jouaient
aussi
un
rôle
crucial
dans
l’administration
des
colonies
françaises
d’Outre-mer,
servant
à
la
fois
comme
officiers
de
marine
et
comme
représentants
de
l’autorité
royale.
Leurs
compétences
en
navigation,
en
stratégie
et
en
diplomatie
en
faisaient
des
agents
essentiels
pour assurer le contrôle et l’expansion du domaine colonial français.
Dans
les
ports
et
les
comptoirs
coloniaux,
les
gardes-marines
supervisaient
le
commerce,
la
gestion
des stocks et l’approvisionnement des navires.
Ils
étaient
également
chargés
de
faire
respecter
la
loi
et
l’ordre,
intervenant
dans
les
différends
entre
colons, marchands et populations locales.
Leur présence visible symbolisait la puissance de la couronne française dans ces terres lointaines.
Les
gardes-marines
étaient
équipés
avec
le
plus
grand
soin,
leurs
uniformes
et
leur
armement
reflétant leur statut d’élite de la marine française.
Leur
tenue
se
composait
d’un
habit
bleu
orné
de
galons
et
de
boutons
dorés,
ainsi
que
d’une
culotte
blanche et de bottes noires lustrées.
Ils
portaient
également
un
tricorne
noir
surmonté
d’un
panache
blanc
qui
ajoutait
à
leur
allure
distinguée.
Les
gardes-marines,
après
avoir
terminé
leur
formation,
avaient
plusieurs
opportunités
de
promotion dans la Marine royale française.
La
hiérarchie
au
sein
du
corps
des
gardes-marines
était
rigoureusement
définie
et
suivait
la
structure traditionnelle de la marine royale française.
Les
différents
grades
reflétaient
l’expérience,
les
compétences
et
le
niveau
de
commandement
de
chaque officier.
Les
gardes-marines
formaient
la
base
de
l’institution,
constituée
de
jeunes
nobles
en
formation
pour
devenir officiers.
Les
sous-lieutenants
étaient
les
plus
jeunes
officiers,
nouvellement
promus
à
l’issue
de
leur
cursus
d’instruction.
Les
lieutenants
commandaient
les
différentes
unités
de
gardes-marines
et
supervisaient
leur
entraînement (Grade de François Athanase Charrette (1763-1796) de 1787 à 1790).
Les
capitaines
étaient
des
officiers
expérimentés,
responsables
du
commandement
des
navires
de
guerre et de la conduite des opérations.
Le
chef
d’escadre
était
le
plus
haut
grade
atteignable
au
sein
des
gardes-marines,
équivalent
à
celui
de contre-amiral.
Au
fil
des
décennies,
l’institution
des
gardes-marines
a
connu
une
évolution
significative,
s’adaptant
aux
changements
politiques,
économiques
et
militaires
qui
ont
marqué
la
France
du
XVIIe
et
du
XVIIIe siècle.
Initialement,
les
gardes-marines
étaient
principalement
issus
de
la
noblesse,
reflétant
le
rôle
prépondérant de l’aristocratie dans la marine royale.
Cependant,
avec
le
temps,
on
a
vu
une
ouverture
progressive
de
cette
institution
à
d’autres
couches
de la société, notamment aux roturiers démontrant des aptitudes exceptionnelles.
Les
méthodes
de
formation
se
sont
également
affinées,
passant
d’un
accent
mis
sur
l’enseignement
théorique à une approche plus pratique et opérationnelle.
L’accent
a
été
mis
sur
le
développement
des
compétences
techniques,
de
la
stratégie
navale
et
de
la
tactique
de
combat,
préparant
ainsi
les
gardes-marines
à
relever
les
défis
auxquels
ils
seraient
confrontés sur les champs de bataille maritimes.
Cette
évolution
a
permis
à
l’institution
de
demeurer
une
pépinière
d’officiers
de
premier
plan,
adaptés aux réalités changeantes de la guerre en mer.
À
la
fin
du
XVIIIe
siècle,
l’institution
des
gardes-marines
a
progressivement
perdu
de
son
importance au sein de la marine royale française.
Plusieurs
facteurs
ont
contribué
à
son
déclin,
notamment
les
réformes
entreprises
par
le
ministre
de
la Marine Étienne de Choiseul (1719 – 1785) qui cherchait à rationaliser les structures de la flotte.
La
suppression
définitive
des
gardes-marines
est
intervenue
en
1786,
sur
les
recommandations
du
ministre de la Marine Charles Eugène Gabriel de La Croix de Castries (1727 – 1801).
Cette
décision
répondait
à
la
volonté
de
moderniser
et
d’unifier
le
corps
des
officiers
de
marine,
en
mettant fin à ce statut particulier de la noblesse.
Les
anciens
gardes-marines
ont
été
intégrés
dans
le
nouveau
système
des
officiers
de
vaisseau,
perdant ainsi leur identité distincte.
Bien
que
l’institution
des
gardes-marines
ait
été
supprimée
en
1786,
son
héritage
perdure
encore
dans la marine française contemporaine.
Certaines
traditions
et
pratiques
instaurées
par
les
gardes-marines,
comme
l’accent
mis
sur
la
formation
des
officiers
et
l’excellence
du
commandement,
ont
été
transmises
aux
générations
suivantes.
De
plus,
plusieurs
officiers
issus
du
corps
des
gardes-marines
ont
joué
un
rôle
majeur
dans
l’histoire
navale française, devenant des figures emblématiques de la marine.
Leurs
exploits
et
leurs
accomplissements
ont
contribué
à
forger
la
renommée
et
la
fierté
de
la
marine royale, inspirant les générations futures de marins.
Leur
suppression
en
1786
a
marqué
la
fin
d'une
époque,
mais
leur
héritage
demeure
vivace
dans
la
marine contemporaine, inspirant encore aujourd'hui les officiers qui suivent leurs traces.
Comme le disait Athanase Charrette (Officier de Marine) : "Rien ne se perd… Jamais".