L’aventure, le combat, le merveilleux et l’amour sont les quatre éléments récurrents permettant d’identifier le roman de chevalerie médiéval. "Chevalier errant", le héros du roman arthurien est toujours disponible pour l’aventure. Il mène une quête initiatique destinée à prouver sa valeur, qui le conduit à vivre des événements hors du commun. L’aventure lui permet d’acquérir ou de faire valoir des vertus physiques (la prouesse équestre, le maniement des armes, la force) ou morales (vaillance, endurance, loyauté, fidélité, générosité, sens de l’honneur). À la différence des héros des chansons de geste, lancés dans une entreprise collective, le chevalier fait valoir des qualités individuelles dans un but d’accomplissement moral personnel. Par ses exploits cependant, il rehausse le prestige de la chevalerie tout entière. Les valeurs exaltées par les romans arthuriens fondent sur une exigence éthique faite de mesure, de charité, d’aide et de protection des faibles qui rejoint les valeurs chrétiennes de la chevalerie médiévale. La vaillance du chevalier trouve son expression la plus concrète dans un élément clé de l’aventure. Le combat.

Qu’il

s’agisse

de

tournois

ou

de

rencontres

singulières

avec

un

géant

ou

un

redoutable

chevalier

inconnu,

le

combat

rythme

l’action

des

romans,

revenant quasiment à chaque chapitre.

Les récits ne cherchent pas l’originalité mais la production d’effets épiques. D’un combat à l’autre reviennent les mêmes expressions hyperboliques. Les cavaliers s’élancent bride abattue", échangent de "si rudes coups de lance" que les écus sont "mis en pièces", les lances "volent en éclats", jusqu’à ce que le héros assène le coup de grâce qui consiste à "trancher la tête" de son adversaire. Ces joutes prolongées et acharnées de combattants accomplis sont davantage propres à séduire le public médiéval des barons que nos esprits modernes. Les légendes arthuriennes sont également imprégnées de motifs merveilleux hérités de la tradition celtique. Le merveilleux se décline à travers des lieux enchantés (forêt de Brocéliande, châteaux ensorcelés, fontaine magique), des animaux fabuleux (dragons ou serpents malfaisants), des personnages monstrueux (géants, nains hideux) ou dotés de pouvoirs surnaturels fascinants (enchanteur Merlin, fées Viviane et Morgane). Ces prodiges ont une double fonction. D’une part, ils renforcent la puissance dramatique du récit mais ils revêtent aussi une fonction esthétique par la poésie profonde et la coloration onirique qu’ils infusent au récit dont ils parviennent à sublimer les aspects réalistes et guerriers. Le Moyen-âge s’efforcera de christianiser les éléments de merveilleux légués par le paganisme celtique, comme en témoigne l’évolution du motif du Graal. Le développement de la légende arthurienne coïncide enfin avec l’émergence d’une conception originale de l’amour chez les nobles du XIIème siècle. Les exploits du héros, les épreuves qu’il affronte, les défis qu’il relève, ne sont jamais purement gratuits ni seulement destinés à son accomplissement personnel, ils ont pour but de gagner, conserver ou reconquérir le cœur d’une dame. La prouesse est au service de l’amour. Idéalisé et spiritualisé, cet amour est absolu. Caractérisé par la délicatesse, l’obéissance et une fidélité indéfectible, il reproduit le modèle féodal en faisant de la femme une suzeraine à qui le chevalier rend hommage en vassal soumis, loyal et dévoué. Inaccessible car souvent mariée et de rang social élevé, la femme acquiert une dimension nouvelle, quasi divine, comme en témoigne l’adoration respectueuse des prétendants.