Dans le spectacle Le Dernier panache, Napoléon s’adresse à Las Cases :
"Écrivez Las Cases : j’aurais voulu avoir à mes côtés ce Charette, il me donne l’impression d’un grand caractère, il laisse percer du génie" ...
Mais qui est ce Las Cases ?
Marie Joseph Emmanuel Auguste Dieudonné, comte de Las Cases était un historien français.
Il est l’un des compagnons d’exil de Napoléon à Sainte-Hélène.
Le
nom
de
Las
Casas
en
Espagne
(dans
l’entourage
de
Christophe
Colomb),
et
en
France
(dans
les
armées
de Louis XII et de François Ier) apparaît tout au long de l’histoire.
Il
est
né
le
21
juin
1766
dans
le
château
Las
Cases,
paroisse
de
Couffinal,
actuelle
commune
de
Blan
(Tarn),
situé entre Castres et Revel.
Il a été baptisé le 22 juin dans la proche paroisse de Belleserre, l’église de Couffinal étant en travaux.
Il est décédé le 14 mai 1842 à Passy.
Il
appartenait
à
une
famille
qui
se
vantait
de
compter
parmi
ses
ancêtres,
(l’apôtre
des
Indiens),
le
vénérable Bartolomé de Las Cases (Séville 1484-1566 Madrid) de l’Ordre des Prêcheurs.
L’antique famille de Las Cases s’était illustrée au XIIe siècle dans la lutte contre les Maures.
Cette
famille
primitivement
française
est
passée
en
Espagne
vers
l’an
1095
avec
le
comte
Henri
de
Bourgogne, venu aider le roi de Castille et Léon, Alphonse VI, à combattre les Musulmans.
Son fils Alphe Henriques remporta la bataille d’Ourique contre 5 rois maures en 1139.
Aidé par un combattant de la maison de Bourgogne, pour le récompenser, il lui donna "todas las Casas" : toutes les demeures des Maures entourant le lieu de la bataille.
De là viennent l’origine des armoiries, la devise : Semper Paratus et le nom de Las Casas.
En
1200,
le
chevalier
Carlos
de
Las
Casas
fixé
à
Séville,
fut
désigné
pour
accompagner
Blanche
de
Castille
en
France
lorsqu’elle
épousa,
le
12
mai
1200,
Louis
VIII
le
père
de
St
Louis.
Il se fixa dans l’Agenais et son nom de Las Casas fut francisé en Las Cases.
Après
avoir
fait
de
bonnes
études
à
Vendôme
(aujourd’hui
lycée
Ronsard)
chez
les
Oratoriens,
Emmanuel
de
Las Cases est admis en 1780 à l’École militaire de Paris.
En 1782, à 16 ans, il entra dans la marine à Brest, où sa petite taille (1,60 mètre) le fait remarquer.
Comme
aspirant,
il
suit
les
cours
de
l’École
d’application
navale
avec
Charette,
où
il
se
spécialise
dans
les
techniques de la cartographie.
Embarqué
à
bord
de
l’Actif
faisant
partie
de
la
flotte
de
la
Motte-Picquet
(1720-1791),
il
participe
au
blocus
de
Gibraltar (1779-1783) et à divers combats contre les navires anglais.
Il
sert,
durant
les
dernières
années
de
la
Guerre
d’Indépendance
américaine,
brillamment
dans
la
marine
du
roi, en particulier aux Antilles où il côtoie Charette à la Martinique en 1785.
Au
rétablissement
de
la
paix,
il
devait
faire
partie
de
l’expédition
de
La
Pérouse
mais,
alors
à
St
Domingue,
il
arriva trop tard à Brest pour le départ !
Ce qui le sauva d’une mort certaine.
En avril 1789, Emmanuel de Las Cases, de retour à Brest, est nommé lieutenant de vaisseau, à 23 ans.
Lorsque survient la Révolution, il choisit en 1791 d’émigrer et de rejoindre l’armée de Condé à Coblence où il retrouve Charette.
Il y est déçu par l’accueil qui lui est fait et par les querelles entre émigrés.
Après la dissolution de cette armée, suite à la bataille de Valmy du 20 septembre 1792, Las Cases se rend en Angleterre fin décembre 1792.
Il participe à la préparation de l’expédition de Quiberon mais il n’y débarque pas en juillet 1795, car il était resté à Londres pour y être opéré d’une hernie.
Il participe avec l’armée des émigrés, emmenée par le Comte d’Artois (futur Charles X) à l’expédition de l’Ile d’Yeu d’août à novembre 1795 où Charette ne put les rejoindre.
Après l’échec de cette expédition, il peut rembarquer et revenir en Angleterre.
A Londres, il travaille à la rédaction d’un atlas géographique et donne des leçons.
C’est à cette occasion qu’il noue une fidèle amitié avec l’épouse du riche baronet Thomas.
Clavering, une jolie lady française, née Claire Gallais, baptisée à Angers St Maurille, le 4 novembre 1770.
La
publication,
sous
le
pseudonyme
de
A.
Lesage,
de
son
Atlas
historique,
généalogique,
chronologique
et
géographique remporte un franc succès à Londres en 1799.
Cet
ouvrage
connaîtra
le
même
succès
en
France,
puisqu’à
partir
de
1803,
une
édition
paraîtra
chaque
année.
De
mai
à
septembre
1812,
Las
Cases
effectue
une
mission
d’inspection
des
dépôts
de
mendicité
et
des
prisons qui lui fera proposer d’utiles réformes à Napoléon.
Au printemps 1814, il participe à la défense de Paris comme chef de bataillon à la 10e légion, sous les ordres du général Moncey.
Après la première abdication de Napoléon (1769-1821) signée par l’Empereur le 12 avril à Fontainebleau, il refuse de siéger au Conseil d’Etat et rejoint Londres.
Au retour de l’Aigle de l’Ile d’Elbe, Las Cases est aux Tuileries dès le 20 mars 1815.
Dès le 24 mars 1815, il retrouve ses fonctions de chambellan et de conseiller d’Etat.
Après la défaite de Waterloo, le 18 juin, il reste au service de l’Empereur et sollicite l’honneur de partager son exil.
Marquis
d’Ancien
Régime,
officier
de
marine
émigré
pendant
la
Révolution,
devenu
chambellan
et
comte
de
l’Empire
puis
conseiller
d’État
durant
les
Cent
Jours,
Emmanuel
de
Las
Cases
ne
présenterait
dans
l’épopée
napoléonienne
qu’un
intérêt
restreint
s’il
ne
s’était
attaché
à
son
maître
proscrit
et
n’avait
publié
en
1823,
deux
ans
après
la
mort
de
l’Empereur, « Le Mémorial de Sainte-Hélène » qui fut peut-être le livre le plus lu du XIXe siècle.
Le
7
août
1815,
Napoléon
et
sa
suite
dont
Las
Cases
et
son
fils
Emmanuel
Pons
de
Las
Cases
(1800-1854),
page
de
l’Empereur,
montent
à
bord
du
Northumberland
à
destination de Sainte-Hélène où ils resteront dix-huit mois jusqu’à leur expulsion vers le Cap, le 31 décembre 1816.
Au
cours
de
la
traversée,
Las
Cases
avait
noté,
dès
le
9
septembre
1815,
les
premiers
souvenirs
de
Napoléon,
qui
étaient
remis
en
ordre
en
fin
de
journée
par
son
fils
Emmanuel
Pons.
Dans son grand journal, Las Cases a consigné, au jour le jour, les propos de l’Empereur.
Il a pris, sous sa dictée, le récit des campagnes d’Italie et noté les persécutions dont l’illustre captif était l’objet de la part de ses geôliers, dont le gouverneur Hudson Lowe.
Las Cases sut se faire apprécier de Napoléon par ses manières affables, son érudition et sa disponibilité.
Les dictées qui continuèrent jusqu’en novembre 1816 sont à l’origine du "Mémorial de Sainte-Hélène".
Dans
l’édition
du
Mémorial
de
1830,
à
la
date
du
6
novembre
1816,
Las
Cases
cite
les
paroles
de
Napoléon
à
propos de Charette :
"J’ai
lu
une
histoire
de
la
Vendée,
si
les
détails,
les
portraits
sont
exacts,
Charette
est
le
seul
grand
caractère,
le
véritable
héros
de
cet
épisode
marquant
de
notre
Révolution…
Charette
me
laisse
l’impression
d’un
grand
caractère, je lui vois faire des choses d’une énergie, d’une audace peu commune et laisse percer le génie".
Je
lui
disais
avoir
beaucoup
connu
Charette
dans
mon
enfance,
nous
avions
été
garde
de
la
marine,
ensemble
à
Brest,
nous
y
avions
partagé
longtemps
la
même
chambre,
mangé
à
la
même
table
et
il
avait
fort
surpris par ses exploits et sa brillante carrière tous ceux de nous qui avaient été liés avec lui"…
Le
24
novembre
1816,
Las
Cases
confie
à
son
serviteur
James
Scott
une
lettre
clandestine
pour
le
Prince
Lucien et une pour Lady Clavering, chargée de la lui transmettre.
Il y dénonce les conditions de détention de l’Empereur.
Malheureusement,
le
serviteur
en
informe
Hudson
Lowe
et
le
25
novembre
1816,
Las
Cases
et
son
fils
sont
arrêtés et retenus prisonniers.
Le
16
décembre,
le
gouverneur
remet
à
Las
Cases
une
lettre
de
Napoléon,
signée
du
11,
avec
sa
signature
accompagnée de "Votre dévoué".
Après qu’Emmanuel Pons ait pu en recopier certains passages, elle est confisquée par Hudson Lowe.
Las
Cases
et
son
fils
sont
expulsés
et
quittent
l’île
de
Sainte-Hélène
le
30
décembre
1816
pour
le
Cap,
où
ils
restent en quarantaine, pendant 7 mois1/2 avant de regagner l’Europe.
Arrivés en Angleterre en novembre 1817, ils sont refoulés puis conduits à Ostende.
La France, les Pays-Bas et l’Autriche refusant de leur donner l’asile, Las Cases et sa famille s’installent en décembre 1817 à Francfort, puis au pays de Bade à l’été 1818.
Après la mort de Napoléon, le 5 mai 1821, l’autorisation de rentrer en France est accordée à Las Cases dans les derniers jours de juillet 1821 et il arrive à Paris le 16 août.
Il s’installe à Passy.
En
1822,
il
récupère
ses
manuscrits
notamment
la
lettre
de
Napoléon
et
son
"Grand
Journal"
confisqué
par
Hudson
Lowe
où
se
trouve
consigné
jour
par
jour
tout
ce
qu’a
dit
et
fait Napoléon, durant dix-huit mois, du 20 juin 1815 au 25 novembre 1816.
Il
publia
en
1823
ce
Mémorial
dont
le
retentissement
fut
si
grand
qu’il
fut
réimprimé
en
1824,
1830,
1835,
1840
et
surtout
1842
avec
illustrations
de
Nicolas
Charlet
qui
lui
rapporta 3 millions de francs (+/- 9,5 millions €).
Il fut traduit en de nombreuses langues et enfin, il valut à Las Cases un siège de député.
La légende napoléonienne doit beaucoup à cet ouvrage.
En juillet 1831, Las Cases fut élu député de l’arrondissement de Saint-Denis et siège à gauche jusqu’en mai 1834.
Il est réélu en 1839 jusqu’à sa mort en 1842.
Aveugle en 1840, il ne put accompagner le prince de Joinville à Sainte-Hélène pour le Retour des
Cendres de Napoléon ; c’est son fils Emmanuel Pons qui le remplaça.
Le 15 décembre 1840, il était présent aux Invalides, lors de la cérémonie.
Il
mourut
le
14
mai
1842,
après
avoir
eu
la
satisfaction
de
voir
rendre
à
la
France
les
restes
mortels
de
l’homme
à
qui il avait donné des preuves d’un attachement et d’un dévouement qui honorent toujours sa mémoire.
En
2005,
le
"Grand
Journal"
tenu
par
Las
Cases
à
Ste
Hélène,
prémices
du
Mémorial
a
été
découvert
à
la
British
Library par Peter Hicks.
Il
est
paru
en
octobre
2017
sous
le
titre
"Le
Mémorial
de
Sainte-Hélène
-
Le
manuscrit
retrouvé"
aux
Editions
Perrin – en collaboration avec la fondation NAPOLEON
BIBLIOGRAPHIE
LAS CASES le mémorialiste de Napoléon - Comte Emmanuel de Las Cases - Arthème Fayard - 1959
Las Cases l’abeille de Napoléon - Jean-Pierre Gaubert - Loubatières - 2003
LAS CASES le Mémorialiste de Napoléon nous dit… - Jean-Pierre Gaubert - 2017
Pour découvrir en détail la famille LAS CASES, je vous donne rendez-vous sur la page de :
lauragais-patrimoine.fr