"Mais oui, Messire Claude, c'est notre fier Moyen Âge qui refleurit à présent". ***** "C'est ma foi vrai... Mais l'on m'apprit jadis, dès mon plus jeune âge que lentement les choses se font, puis très vite se défont et parfois se refont avec le temps, sinon pareillement, du moins habilement." ***** "Que nenni... Point ici, nous sommes au Bas Poitou, vous savez, le pays de notre bonne fée MELUSINE et de notre vieil Enchanteur MERLIN... Quand ils le veulent, ces deux-là, tout leur paraît facile et le temps ne compte plus ! Tenez ... regardez là-bas à travers les branches de châtaignier, à 2 pas, il y a un vrai castel ancien en sommeil depuis 500 ans. Tout juste sorti de l'oubli par des gaillards passionnés, il étale ses vestiges, ruines encore fumantes, incendiées par l'Anglais au XVème siècle. C'était jadis un repaire de rapines... un repaire de ripailles... C'est devenu depuis peu, grâce à la Mère Mélusine et à Merlin le Magicien, un repaire de rapaces ! Vous les voyez tournoyer là-haut, ces aigles, ces faucons, ces vautours cherchant les courants ascendants, comme pour admirer ou surveiller de plus haut cet étonnant petit village si ancien et si nouveau. Et bien oui, Messire Claude, ce vrai- faux village médiéval est de même époque et a connu la même histoire que le vieux castel d'à côté. Et je m'en vais vous la conter. "Il était une fois une modeste pâturé, nichée au creux d'un vallon, près d'un petit bois : Le Bois de l'Etang. Cette pâture, d'aussi longtemps qu'on s'en souvienne, était connue sous le vocable : L'Ouche de la Fontaine, à cause d'une petite source jaillissante, constamment active qui alimentait une ou deux pièces d'eau en contrebas. Plus tard, au VIème siècle, on découvrit que cette source avait des propriétés miraculeuses. Elle guérissait les aveugles et les lépreux. On attribua ce phénomène à Sainte-Radegonde, servante des Pauvres. Sa renommée fut telle, que de partout on vint implorer la Sainte et que dès le Vllème siècle on y bâtit un premier lieu de culte qui devint ensuite la Chapelle du Village. C'est ainsi que ce village que vous avez sous les yeux, mon bon Messire, s'est construit petit à petit auprès de sa Chapelle, à partir du Xlème siècle et ce jusqu'au XVè siècle. Nous avons le fortifier, comme vous voyez, car il fallait se protéger des voleurs, des hordes de pillards, des bandes de brigands, ainsi que des Anglais qui sillonnaient la contrée et convoitaient notre Source Miraculeuse en même temps que la foule de pèlerins qu'elle attirait. Cent fois nous avons repoussé leurs attaques, à l'abri de nos hautes murailles, qui portent encore inscrites en elles, ineffaçables, les meurtrissures béantes des assauts répétés ! Et à chaque fois, il a fallu déblayer, rabibocher, colmater les brèches et reconstruire. Ce village, empreint de sueur et de sang, est à la mesure de notre courage et de nos épreuves et du grand talent de nos artisans. Regardez cette énorme muraille... Elle date du Xllème siècle, du temps de RENAUD du Puy du Fou, le premier du nom. C'est lui qui nous a enseigné l'art de la fortification. Il nous a appris à ménager une entrée fortifiée en édifiant la porte nord, dite de "FONTBEL", du nom de la petite fontaine toute proche,qui capte une source ancienne bien utile aux besoins des villageois. De cette époque, il ne reste plus qu'une seule maison, la plus ancienne du village, celle de l'émailleuse. Au Xlllè siècle, du temps de notre Saint Roi Louis le Neuvième, et de son frère Alphonse qui dirigeait alors notre Poitou, ayant un peu de répit, nous avons fait quelques travaux : Ouverture d'une seconde entrée à l'ouest, avec la porte dite du PLESSIS, du nom de la palissade en défense avancée. Positionnement d'une herse à treuil à la porte nord. La construction de la maison à 3 arcades, dont il ne reste que le rez-de-chaussée, pour le Sculpteur sur Bois. Construction d'une auberge (la Taverne) pour les pèlerins et les voyageurs. Au XIVè siècle, alors là ce fut l'épouvante, avec une guerre qui a duré cent ans ! Nous étions toujours sur la brèche, malgré le PONT-LEVIS à contrepoids que nous avions installé à ce moment-là et qui nous a été bien utile. Mais à la fin du siècle, presque tout était en ruines et nous comptions les survivants. Au XVè siècle, enfin, mon bon Seigneur, le soleil a recommencé à luire pour nous. Le début fut un peu mouvementé cependant malgré de nouvelles fortifications que nous avions installées en haut de la porte du PLESSIS (MACHICOULIS), nous avons eu encore quelques destructions... Néanmoins, nous avons refait peu à peu tous les étages de nos maisons en pans de bois, en particulier celle du Tonnelier (au-dessus du Sculpteur sur Bois) avec sa couverture en bardeau et sa girouette à tête de dragon. Il a fallu rebâtir entièrement les maisons de l'Enlumineuse et de la Portraitiste, ainsi que l'atelier du Maître Verrier. Nous avons rajouté une Halle Marchande à la Taverne, installé un atelier pour le Tailleur de Pierres à la porte du nord, reconstruit l'Estaminet adossé au rempart avec donnant sur la rue ses poutres sculptées dont nous sommes si fiers. Enfin, tout en haut du village, nous avons pu abriter le vieux Four Banal chaque famille, à tour de rôle, vient cuire son pain. Voilà, Monseigneur, toute notre aventure dont notre village porte les traces. Ah ! J'allais oublier notre petit joyau, LA CHAPELLE. Mais je vous la conterai bientôt.