Le premier livre consacré à l'histoire de saint Martin a été écrit de son vivant.
Quand
il
meurt
en
397,
Martin,
Évêque
de
Tours,
est
déjà
le
saint
de
la
Gaule
Romaine.
Le catholicisme est alors protégé par les empereurs depuis 80 ans.
Martin naît à Sabaria (Hongrie actuelle) en 316 de parents païens.
Son père, de simple soldat, est devenu tribun, c'est-à-dire général.
A
l'âge
de
10
ans,
Martin
entre
dans
une
église,
s'intéresse
à
la
foi
et
commence son catéchuménat.
Il songe même à aller vivre au désert.
Le
général,
son
père,
ne
l'entend
pas
de
cette
oreille
et
met
en
application
un
édit sur l'enrôlement des fils de vétérans.
Il fait arrêter son fils par la gendarmerie qui le conduit à l'armée.
Martin fait donc son service dans la cavalerie, puis passe à la garde de l'empereur.
Il ne dépassera pas le grade de sous-officier.
Simple
catéchumène
(dans
la
tradition
chrétienne
une
personne
qui
n'est
pas
encore
baptisée,
mais
qui
s'instruit
pour
le
devenir),
il
se
comporte
déjà avec humilité, servant lui-même son serviteur.
C'est en Gaule que se situe l'acte qui le symbolisera pour des siècles.
En 354, lors d'une patrouille près d'Amiens par un hiver de grand gel, il rencontre, à la porte de la ville, un pauvre mourant de froid.
N'ayant
plus
d'argent
à
lui
donner,
saisissant
son
arme
qu'il
portait
à
la
ceinture,
il
coupa
sa
chlamyde
(Manteau
réglementaire
du
soldat
romain)
en deux, et en donna un morceau au pauvre et se rhabilla avec le reste.
Peut-être Martin en aurait donné la doublure, c'est-à-dire la partie chaude, gardant l'autre pour lui.
Quelques uns des assistants se mettent à rire, car on le trouvait ridicule avec son habit mutilé.
La
nuit,
Jésus
apparaît
à
Martin
revêtu
du
demi
manteau
et
dit
aux
anges
qui
l'entourent
:
"Martin,
encore
catéchumène,
m'a
couvert
de
son
manteau !".
Cette apparition lui semble une invitation à se rapprocher de Dieu.
La scène s'appelle "La Charité de Saint Martin".
Et
au
fil
du
temps,
cet
épisode
est
devenu
et
est
resté
jusqu'à
nos
jours,
le
symbole du Partage.
Cette
scène,
popularisée
par
la
sculpture,
la
peinture
et
le
vitrail
jusqu'à
nos
jours, nous est racontée par Sulpice Sévère, dans la Vie de Saint Martin.
Mais
en
donnant
son
manteau,
il
réhabilite
et
élève
le
pauvre,
il
lui
rend
sa
dignité d'homme, il lui fait revêtir pleinement son humanité.
C'est aussi un signe décisif de sa vocation.
Lui
qui
était
partagé
entre
ses
aspirations
chrétiennes
et
sa
fonction
militaire,
imposée
par
son
père
dont
il
critiquait
les
principes
de
l'armée
auxquels
il
était
astreint.
Le froid rigoureux, on le sait, peut mener à la mort.
Se défaire de son manteau, c'était donner une part de soi, voire se donner soi-même.
Négliger sa propre personne, n'était-ce pas signe d'un amour de Dieu poussé jusqu'au mépris de soi ?
Il s'agissait d'un manteau, ou plutôt d'une cape, d'officier.
Il symbolisait le pouvoir impérial et était en quelque sorte sacré.
Le trancher en deux signifiait renoncer au commandement, à l'armée, à l'Empire.
Le samedi Saint de l'année 334, il est baptisé et confirmé.
Sa vie de militaire l'entraîne à voyager et en août 336, il se trouve à Worms où l'armée romaine tente de s'opposer aux invasions barbares.
Il
propose
à
l'empereur
César
Julien
de
se
porter
seul
à
la
rencontre
des
rangs
ennemis
sans
armes
ni
protection,
hormis
celle
de
sa
foi
envers
le
Seigneur.
Pris pour fou, il est enfermé dans une cellule.
Mais
le
lendemain,
au
lever
du
jour,
l'ennemi
se
retire
et
envoie
des
messagers de paix.
Les
Chrétiens
voient
en
ce
revirement
de
situation
un
miracle
divin
et
l'empereur manifeste son trouble en libérant Martin.
En
356,
quelques
années
après
l'épisode
d'Amiens,
Martin
obtient
de
quitter
l'armée qu'il servait depuis 25 ans.
Il
vient
à
Poitiers
auprès
du
fameux
Hilaire
qui
lutte
contre
l'arianisme
(Doctrine
professée
par
Arius
et
ses
disciples
qui
est
fondée
sur
la
négation
de
la
divinité
de
Jésus),
ce
vaut
à
ce
dernier
d'être
arrêté,
fouetté
et
envoyé
en
résidence
surveillée
en
orient
sur
une
île
au
large
de
la
côte
ligure
pendant
plusieurs années par le pouvoir impérial.
En 360, Hilaire, gracié par l'empereur,
Martin s'installe comme ermite à Ligugé, à quelques kilomètres de Poitiers.
Il reçoit le ministère d'exorciste.
Il
va
ensuite
retrouver
ses
parents
en
Pannonie
natale
(ancienne
région
de
l'Europe
centrale,
limitée
au
nord
par
le
Danube
et
située
à
cheval
sur
les actuelles Autriche, Hongrie, Slovaquie, Slovénie, Croatie, Serbie et Bosnie-Herzégovine) et sa mère se convertit.
Fidèle défenseur de la foi catholique, Martin est persécuté et expulsé par les Ariens.
Il subit à nouveau des persécutions dans les environs de Milan où il a établi son ermitage.
Il va alors s'installer dans l'île de Gallinaria, sur la côte italienne.
Enfin, à la nouvelle du retour d'exil de saint Hilaire, il rentre en Poitou.
Autour
de
lui,
à
Ligugé,
Martin
voit
se
rassembler
de
nombreux
disciples
qui
forment
une
communauté
à
la
fois
de
prière
monacale
et
d'évangélisation.
Avec eux Martin visite les pauvres et les malades.
Martin
voyage
beaucoup,
se
portant
à
la
tête
de
ses
"légions
de
moines"
détruisant
les
idoles
et
convertissant
les
âmes
dans
trois
directions
principales
La première Chartre - Paris - Reims et Trèves, la seconde, la Bourgogne - Lyon - Vienne et enfin la troisième avec l'Aquitaine.
Il fréquente conciles et synodes épiscopaux.
Empereurs
et
hauts
dignitaires
respectaient
ou
craignaient
Martin
non
seulement
en
raison
de
ses
saintes
paroles
mais
pour
ses
actes
miraculeux
médiatisés
par
ses
biographes
successifs
que
furent
Sulpice
Sévère
ancien
avocat
de
Bordeaux,
Paulin
de
Périgueux,
Venance
Fortunat
et
enfin
plus tard le célèbre Saint Grégoire également évêque de Tours (593 à 594).
Homme
de
prière,
il
exerce
la
compassion
et
guérit
les
malades,
tantôt
par
de
simples
remèdes,
tantôt
par
l'huile
des
malades,
et,
par
fois,
par
des
guérisons extra ordinaires.
Martin ressuscite même les morts.
En automne 397, Martin se rend à Candes "car les clercs de cette église se querellaient".
Après
avoir
rétabli
la
paix
"
il
songe
à
revenir
au
monastère
de
Marmoutier
quand
les
forces
de
son
corps
commencèrent
tout
à
coup
à
l'abandonner ".
Tous pleuraient autour du mourant qui fit cette dernière prière :
"Seigneur, si je suis encore utile à ton peuple, je ne refuse pas le travail. Que ta volonté soit faite".
Il avait 81 ans.
Martin décédé, le saint corps semble avoir été l'objet de convoitises entre poitevins du monastère de Ligugé et Tourangeaux.
Une
fois
de
plus,
ce
furent
ces
derniers
qui,
par
ruse
-
d'après
Saint
Grégoire
de
Tours
-
le
transportèrent
dans
une
barque
par
la
rivière
Vienne
puis Loire jusqu'à Tours.
Ses funérailles se déroulèrent dans cette ville le 11 novembre 397. Saint Patron de la France, Saint Martin est fêté le 11 novembre.
Jour
choisi
pour
l'armistice
par
les
maréchaux
Foch
et
Joffre
qui
voulurent
que
toutes
les
cloches
des
églises
de
France,
pays
de
Saint
Martin,
sonnent ensemble à 11h00 ce jour là.
Mais c'est dés 507 que Clovis le choisit comme saint patron des francs après une victoire qu'il attribua à sa protection.
On oublie aussi que Capet vient de "cape", celle de Saint Martin dont les capétiens, "abbés laïques de St Martin de Tours", avaient la charge.