François 1er reçoit Catherine du Puy-du-Fou.
La servante entre à pas feutrés dans la chambre où repose Dame Catherine...
Elle s'approche doucement du grand lit, écarte les rideaux damassés...
Personne...
Un petit rire moqueur la rassure.
Catherine est bien là, assise devant un vieux coffret.
Devant
elle,
les
précieuses
reliques
de
son
Passé...
des
boucles
de
cheveux,
des
fleurs
séchées,
des
bagues,
des
épingles
et
puis...
un
collier...
le
collier
de
Saint-Michel
que
le
Roi
remit
à
François, son premier époux, un beau jour d'Août 1537.
Catherine revoit le messager apportant l'invitation royale...
Comme elle était fébrile en veillant aux préparatifs du voyage !
Pensez-donc...
Se rendre à la Cour...
Affronter les routes durant plus de trois semaines... !
Mais, les soucis, elle les a oubliés...
Seule son arrivée au château de Fontainebleau s'impose à sa mémoire...
La
litière
s'avance
lentement
sur
la
chaussée
de
Maintenon
qui
borne
les
eaux
de
l'étang
où,
parmi des nénuphars roses, glissent des cygnes nonchalants.
Soudain, des trompettes résonnent, saluant les nouveaux venus au château.
Catherine
et
François
franchissent
la
porte
d'Orée,
pénètrent
dans
la
cour
du
Donjon
et
leurs
yeux s'émerveillent...
Disparues les lourdes masses féodales, envolés les murs austères et froids...
Ils
ne
voient
que
constructions
ajourées,
fenêtres
qui
s'ouvrent
à
la
lumière
et
à
la
chaleur
du
soleil...
Les valets se précipitent...
Sa Majesté attend ses invités dans la Galerie...
La fameuse Galerie... !
Le Roi, entouré de sa Cour, s'avance vers eux.
Catherine se sent gauche et maladroite.
Comme les robes des dames sont somptueuses... !
En velours, en satin, en toile d'or frisé... !
Et comme les couleurs sont chatoyantes... !
Rouges, vertes, violettes... !
Elle n'ose penser à sa garde-robe stricte et sombre de petite provinciale...!!
Avec
un
plaisir
non
feint,
le
Roi
accueille
François,
son
compagnon
des
bons
et
des
mauvais
jours
italiens...
Mais
son
œil
qui
s'allume
laisse
à
penser
qu'il
n'est
pas
indifférent
au
charme
de
la belle Dame du Puy-du-Fou...
Le regard noir que lui jette une des dames de la suite royale en est la preuve !
Ce regard jaloux serait-il celui de l'insolente favorite, la blonde Madame d'Etampes ?
Mais
Catherine
oublie
bien
vite
cette
déplaisante
impression
tant
elle
est
éblouie
par
la
splendeur de la galerie où elle se trouve...
Devant
le
plafond
cloisonné
soutenu
par
des
caryatides
de
faunes
grimaçants
et
de
nymphes
gracieuses,
devant
les
murs
ornés
de
guirlandes
enchevêtrées
de
fleurs
et
de
fruits,
devant
la
profusion
des
couleurs,
Catherine
évoque
son
lugubre
château
dont
les
seuls
ornements
sont
de
tristes tapisseries usées par le temps...
Toute à ses pensées, Catherine entend à peine le Roi lui proposer de prendre un peu de repos.
C'est
avec
reconnaissance
qu'elle
accepte,
car
en
ce
mois
d'Août,
la
chaleur
est
accablante
et,
malgré
le
confort
de
la
litière
tirée
par
quatre
robustes
chevaux,
la
poussière
et
les
cahots
de
la
route ont rompu son corps.
Enfin,
Catherine
et
François
se
retrouvent
seuls
dans
leur
appartement
où
une
collation
les
attend : des fruits, des confitures, des brioches, des dragées..
Mais bien vite, une servante pimpante et gaie apparaît.
Elle
apporte
des
linges
de
toilette,
des
miroirs,
des
pots
à
éponges,
des
pelotons
de
satin
pour
les
épingles, des étuis serrant des peignes.
Elle propose aux deux voyageurs d'aller se détendre dans l'Appartement des Bains.
Intimidés
et
éblouis,
ils
admirent
longuement
cette
enfilade
de
salles
d'eau,
de
pièces
de
repos
et
d'étuves.
Aux
murs,
pour
le
plaisir
et
le
délassement
des
yeux,
ce
ne
sont
que
tableaux,
notamment
ceux
de ce Maître Léonard que le Roi ramena d'Italie, avec ses mystères et ses étranges inventions.
N'avait-il pas imaginé de faire marcher les hommes au fond des eaux et même de les faire voler ?
Catherine
prolonge
sa
visite,
charmée,
irrésistiblement
attirée
par
ce
portrait
de
femme
qui
lui
sourit avec une tendre douceur.
Avec
regrets,
elle
s'arrache
à
sa
contemplation
et,
toujours
escortée
de
la
petite
servante,
regagne sa chambre.
Avant
de
se
préparer
pour
le
souper
et
le
bal,
la
châtelaine
du
Puy-du-Fou
se
penche
à
sa
fenêtre.
Dans
la
cour
du
Donjon,
la
colonne
d'Orée
illumine
le
crépuscule
grâce
au
flambeau
qui
brûle
à
son
sommet
;
au-delà,
l'Etang
des
Carpes
s'étale
paresseusement
dans
le
soleil
couchant
et,
plus
loin
encore,
s'effilochent
les
frondaisons
de
la
forêt
où,
demain,
elle
ira
courir
le
cerf
avec
toute
la Cour...
Une porte s'ouvre...
Une petite servante s'avance...
Il faut que Madame s'allonge et prenne ses potions...
Catherine reprend brutalement pied dans la réalité.
Les belles images de Fontainebleau s'estompent... pour un temps...
Un jour prochain, elles revivront en sa mémoire.